NOTRE PLACE INFLUENCERAIT-ELLE SUR NOTRE CAPACITÉ À AVANCER DANS LA VIE ?...SI OUI , JUSQU'À QUEL POINT ?
Aujourd'hui , les enfants sont aux yeux des parents des êtres uniques , irremplaçables ...avant d'être des aînés , des cadets ou des benjamins .
" Avec la disparition des familles nombreuses , le rang dans la fratrie compte désormais moins que les relations conscientes et inconscientes tissées entre parents et enfants " dit Françoise Peille - psychologue spécialiste de l'enfance -
Dans les familles de 6 enfants et plus , les aînés étaient des substituts parentaux alors qu'aujourd'hui dans les fratries de 2 ou 3 , les frères et soeurs sont avant tout des rivaux ; les cadets pensent que leurs ainés ont plus de chance , plus de privilèges , ex: se coucher plus tard , sortir seuls...
l'ainé pense que sa place engendre des servitudes : supporter ses cadets , ces intrus qui ont bouleversé sa vie !
* En fait aucune place n'est plus propice qu'une autre pour la construction de soi : chacune oblige à faire face à des difficultés spécifiques .
* Dans les réunions de travail , constate Françoise Peille , celui qui se pose d'emblée en organisateur des débats est souvent un aîné ...qui a ce comportement depuis son enfance vis -à vis des cadets !
* Alors , notre place dans le monde adulte serait-elle donc déterminée ou pire prédéterminée par notre rang de naissance = aîné , cadet , dernier ...jumeaux , enfant unique ?? cette thèse est défendue par Franck J.Sulloway , sociobiologiste américain , convaincu que nos gènes nous dictent nos comportements .
* Dans les fratries de 2 enfants ( la norme aujourd'hui ) , les rivalités sont intenses surtout si les 2 sont du même sexe et l'aîné en sort rarement indemne .
* Sans généraliser , il semblerait que les aînés éprouvent souvent des difficultés à trouver leur place une fois devenus adultes ; dans leur imaginaire , tout se passe comme si quelqu'un allait les déposséder de la carrière , de la relation qu'ils construisent ...complexe de CAÏN qui les réduit au rang de second alors qu'isl auraient voulus être le 1er partout ! ; le problème de l'aîné est de ne pas avoir d'aîné !! et de manquer d'un modèle de sa génération .
* Pour aider l'ainé à s'épanouir , il est nécessaire de l'encourager à se développer à son rythme et à sa manière sans chercher à lui demander de s'occuper de son cadet ;il doit avoir des activités de son niveau, avec des enfants de son âge , et il est bon de le soutenir dans celles-ci : activités avec la mère ou le père , "entre hommes " , "entre femmes " ; il faut l'accompagner dans ce qui doit être sa conquête = pouvoir aimer quelqu'un sans être tenu d'agir , de penser , d' être comme lui , il doit faire la distinction entre aimer et être comme... nécessaire pour la coopération et les relations sociales ; il doit conquérir sa liberté individuelle qui s'exprimera au départ par une réaction saine et normale :l'agressivité que les parents appellent jalousie ! donc il est nécessaire d 'autoriser les régressions ( envie de redevenir petit ) ,le laisser "écluser " sa jalousie , et quelque soit son âge l'assurer de l'affection de ses parents .
* Il est intéressant de savoir que la position de l'aîné est la plus spécifique en raison de l'originalité de ce qu'il a vécu avant l'arrivée du cadet :il est celui qui fonde la famille , qui établit la fécondité des parents , il a l'avantage d'être le 1er , sorte de "buvard" qui absorbe le plus gros de la tache , il a une fonction essentielle = entretenir la mémoire familiale ...
@ LES AÎNÉS SONT SOUVENT PERFECTIONNISTES , CONSERVATEURS , PRETS À FAIRE DES EFFORTS CONSIDÉRABLES POUR RÉUSSIR .
* Le cadet , c'est l'intrus qui arrive dans la vie de l'aîné ! il est plus " vrai" que le 1er qui constitue la 1ère expérience de parents , il a plus de libertés car les parents sont moins angoissés que pour le 1er ! il est presque toujours plus ou moins en admiration devant l'aîné qui est la référence pour bâtir son avenir ; comme il ressent profondément qu'il
fait souffrir son aîné qui refuse systématiquement ses offres d'amour et d'admiration , il s'accuse , se culpabilise , se dévalorise , il cherche par tous les moyens à réparer sa faute imaginaire ; c'est ainsi qu'il peut se vouer à l'échec - notamment scolaire - pour rendre à l'aîné la place du 1er qu'il croit lui avoir dérobée ou lui abandonner des succés relationnels etc ...sorte de sacrifice qui peut durer la vie entière .
@ LE CADET DOIT LUTTER POUR CONQUÉRIR SA PLACE , IL A DONC NATURELLEMENT L'ESPRIT OUVERT ET ADOPTE AVEC ENTHOUSIASME TOUTE IDÉE NOUVELLE ...SURTOUT SI ELLE BOULEVERSE L'HUMANITÉ ...C'EST UN REBELLE -NÉ GÉNÉRALEMENT TÉMÉRAIRE ET FRONDEUR.
* Si un autre enfant nait , le cadet devient "l'enfant du milieu" : situation assez inconfortable ( tiraillé entre le plus grand et le plus petit ) , il a du mal à trouver sa place ; il est partagé entre 2 types de complicité qui peuvent de temps en temps se transformer en rivalité = il se sent proche du petit et adopte alors des comportements régressifs , il souhaite établir une certaine complicité avec l'ainé auquel il aspire à ressembler ; en même temps il subit moins la pression des parents mobilisés à la fois par la réussite de l'aîné et le maternage du ( des ) dernier (s) .
@ L'ENFANT DU MILIEU EST PLUTÔT À L'AISE DANS LA VIE , RELATIVEMENT SEREIN DANS SON DÉVELOPPEMENT , IL DEVIENT UN ADULTE CONCILIANT QUI NE CRAINT PAS LES COMPROMIS , IL EST SOUVENT L'ENFANT LE PLUS PACIFIQUE DE LA FRATRIE .
* La position du " petit dernier" est difficile aussi à cause de ses frères et soeurs dont la jalousie s'exprime par le fait de jouer avec lui comme avec une poupée ou en le maintenant aussi en état d'enfance afin de se prouver leur propre supériorité ( ils l'habillent , le font manger alors qu'il est apte à faire seul ! ) ...attitude d'autant plus redoutable qu'elle est souvent valorisée par les parents qui prennent pour de la sollicitude ce qui n'est en fait qu' un désir inconscient de vengeance .
* Le petit dernier doit avant tout combler les attentes parentales donc tenté d'enfouir les siennes ; s'il y a concurrence dans la fratrie , il peut connaitre une sensation d'isolement , de haine mettant en péril ses capacités d'insertion ; surprotégé , il peut devenir un grand anxieux , un phobique , une personne mal à l'aise en société ; il peut aussi devenir un subversif professionnel , qui trouble , renverse l'ordre établi .
* Des conseils pour les parents à propos de ces benjamins ? justement ne pas en faire "des petits derniers "! , ne pas trop les gâter , ne pas trop " les couver" ,ne pas les infantiliser , le risque étant que sentant les problèmes de leurs parents , ils se fassent un devoir de ne pas grandir pour les protéger du temps qui passe ! donc , il y a nécessité de les aider à avoir une vie sociale , à rencontrer d'autres enfants , d'autres adultes , à ne pas renoncer soi-même à la vie pour qu'ils puissent sans culpabilité bâtir leur avenir .
Si l'âge des parents pose problème , en parler avec eux , ne pas oublier que la parole répare , guérit ! Par tous les moyens , luttez contre l'habitude des aînés et la vôtre de surnommer le dernier " le petit " ou " la petite" .
@ DES STATISTIQUES INTÉRESSANTES DE SULLOWAY SUR LES LIENS ENTRE ACTIVISME POLITIQUE ET PLACE DANS LA FRATRIE :
° DES AINÉS ...DEVENUS CHEFS : Roosevelt , Churchill, Mussolini , Staline
°DES ENFANTS DU MILIEU ...PACIFISTES : Martin Luther King
°DES BENJAMINS ...SUBVERSIFS PROFESSIONNELS : Danton , Lénine ,Arafat
@ LA RECONNAISSANCE DE CES 2 ENFANTS COMME 2 PERSONNES UNIQUES EST UNE NÉCESSITÉ IMPÉRATIVE DONT DÉPEND LEUR BON FONCTIONNEMENT PSYCHIQUE .
* L'équilibre psychique des jumeaux exige la séparation de ce couple qui s'aime trop dont la principale difficulté est de se développer et de vivre comme 2 êtres différents ; le problème de ces enfants contrairement à une fratrie " ordinaire" n'est pas d'apprendre à vivre ensemble , mais au contraire d'apprendre à se différencier , à comprendre que chacun est soi
* Les jumeaux peuvent souffrir d'un déficit de relations sociales se révélant par des difficultés de communication , des troubles du langage soit crystophasie : soit un retard du développement langagier , soit des difficultés de répondre individuellement à leur prénom . le TOI -MOI et le NOUS -JE étant difficlies à maitriser ...évitez de les appeler "les jumeaux"!
* Sur le plan du langage , les jumeaux ont des performances comparables à celles des enfants du même âge seulement vers 6, 7 ans s 'ils évoluent dans un bon milieu socio- économique .Les parents et les proches doivent combattre cette spécificité : car le langage intervient à tous les niveaux de l'élaboration de la pensée , les mots aident à percevoir le monde et l'apprécier , ils construisent la réflexion .
@LES JUMEAUX INCAPABLES DE SE DIFFÉRENCIER JUSQU'À UN CERTAIN AGE RISQUENT DE SOUFFRIR DE TROUBLES DE L'INTELLIGENCE ET DE PERTURBATIONS PSYCHOLOGIQUES ....IL EST DONC ESSENTIEL DE SÉPARER CES INSÉPARABLES : prénoms bien distincts , jouets personnels ,vêtements différents , le plus tôt possible 2 crèches , 2 classes différentes ou 2 groupes différents .
@ LES JUMEAUX NE PEUVENT ÊTRE STABLES PSYCHIQUEMENT QU'EN AFFIRMANT LEURS DIFFÉRENCES ....IL FAUT LES ACCENTUER !
* Pour les aider à se séparer ,repérer toutes les nuances de leurs relations avec le monde , donner à l'un et à l'autre l'occasion de mettre en place des représentations mentales personnelles = chacun a ses idées , ses opinions , ses rêves , ses projets ; pour chaque évènement , chacun a des repères ,des souvenirs différents, des émotions différentes ; une famille qui fonctionne bien privilégie la séparation des idées et des projections imaginaires : entre les 2 enfants , c'est l'imaginaire qui les protège de la réalité terrible d'avoir "un double "; une sociabilité précoce rompt la fusion "toxique "des jumeaux : amitiés personnelles , visites séparées , activités différentes .
@EN AUCUN MOMENT , LES PARENTS NE DOIVENT CAUTIONNER LA FUSION , FAUTE DE QUOI CES ENFANTS RISQUENT DE NE JAMAIS SE SÉPARER !
* Les relations de domination entre jumeaux sont fréquentes , cette dominance étant établie dès la 1ère enfance , soit une fois pour toutes , soit au moins jusqu'à l'adolescence . Les couples de garçons entretiennent des rapports de force , les couples de filles un facteur intellectuel , une réussite scolaire ; chez les jumeaux de sexes différents , la fille est souvent dominante ; le jumeau dominant prend des initiatives , donne des ordres , s'estime supérieur ; à l'âge adulte pourtant , c'est le dominé qui quitte le 1er la famille ; les jumeaux forment un couple avec des régles de fonctionnement interne fixant le rôle de chacun par rapport à celui de l' autre : complémentarité ou opposition des personnalités , influences mutuelles ( introverti-extraverti, consciencieux-rêveur )
* Les jumeaux adultes entretiennent des liens forts et solides ; leur existence est faite de modalités affectives similaires ( mêmes évènements provoquant les mêmes réactions et émotions ) ; ils n'ont aucune culpabilité à partager le même plaisir mais redoutent l'attirance amoureuse ( les jumeaux se marient moins que les autres ), ils développent une profonde jalousie envers l'intrus ; si l'un des jumeaux meurt , l' autre éprouve une extrême difficulté à se remettre due à la culpabilité d'être encore en vie .L'étude de la gémellité est actuellement en pleine recherche notamment sur la génétique des comportements.
* L'enfant unique souvent qualifié de "pourri gâté " a eu longtemps mauvaise réputation ! Unique objet d'amour de ses parents qu'il a le bonheur d'avoir pour lui tout seul ...voici un avantage qui peut s'accompagner d'inconvénients dommageables à son épanouissement ! Seule , l'attitude des parents fixera le destin de l'enfant ...héros du cercle familial .
* Au centre de toutes les attentions , l'enfant unique est souvent surprotégé = de ce fait , il peut ressentir un profond sentiment de sécurité et une impression de toute puissance ; en revanche , il hésite parfois à s'aventurer à l'extérieur de peur d'être remis en question .Si ce mode de fonctionnement persiste dans sa vie d'adulte , ce peut être un véritable handicap tant sur le plan social que sur le plan sentimental . De plus , cette surprotection des parents entraîne une extrême exigence et un contrôle permanent : toutes les peurs des parents sont concentrées sur un seul enfant , l'éducation flirte avec intrusion . Très entouré par ses parents dans la vie quotidienne , l'enfant unique connait la solitude , parfois l'ennui et la tristesse ...un paradoxe qui le fait mûrir très vite car il participe directement à la vie des adultes ...ses activités intellectuelles le prouvent ( lecture , jeux de société...) la pression psychologique des parents en fait un être à la maturité précoce .
* L'enfant unique endosse seul l'angoisse de ses parents ...ce qui le conduira à se protéger farouchement des autres ou à l'inverse à prendre systématiquement en charge son entourage .
* Un lien exclusif avec la mère - notamment si c'est un garçon - aura pour conséquences des échecs sentimentaux car aucune fille ne saurait rivaliser avec sa maman !! Les filles s'identifient à leur mère , deviennent son miroir , les reflets de ses désirs inconscients ...et à l'adolescence deviendront les pires rivales !
* La fratrie jouant un rôle déterminant dans l'épanouissement de l'enfant ( sens du jeu , développement de la créativité , expression et canalisation de l'agressivité ...) , l'enfant unique a tendance ..°.à se chercher une fratrie à l'extérieur ( alis , copains ...) ,° à se trouver démuni face à l'inévitable concurrence scolaire( peu entraîné à l'émulation , il manquera une fois adulte d'agressivité dynamique et positive )° à être victime d'un sentiment d'infériorité car il n'a pas l'occasion de se mesurer à autrui .
* Comment l'aider ? ° le plus important est d'ouvrir la famille vers l'extérieur ( scolarisation précoce , inviter des amis , des copains , des cousins est un moyen de le confronter avec ses pairs ) ° colonies de vacances , clubs sportifs , associations , centres de loisirs lui permettront de vivre des aventures collectives .
@ mais ATTENTION ! pas question d'aller à l'encontre de a personnalité de l'enfant : il faut respecter son caractère , ses passions ,ses intérêts . L'essentiel étant que l'enfant se sente bien . Le père joue un rôle important en tant que tiers séparateur , également les grands- parents ou une personne extérieure ( un étudiant qui vient donner des cours par ex )
@Chaque être possède des ressources insoupçonnées pour se trouver malgré tout une place à lui .
@ Les parents doivent mettre en avant les caractéristiques qui distinguent leurs enfants en s'efforçant de les valoriser et en traitant chacun selon son âge et sa personnalité .
@ " Il est indispensable de s'aimer soi-même pour être aimé des autres , de ses frères et soeurs et de tous ceux qui croiseront un jour notre route . C'est la confiance en soi qui permet de réussir sa vie et de se sentir reconnu comme aimable . On ne brille aux yeux des autres que si l'on est soi-même persuadé de pouvoir briller " dit Marcel Rufo .
@ Si des dysfonctionnements , des difficultés , des échecs , voire même des maladies surviennent , penser psychogénéalogie ou décodage biologique qui permet alors à la personne de comprendre sa problématique , de s'en libérer , de rencontrer son identité , de devenir acteur de sa vie .
* Frères et soeurs , une maladie d'amour - Marcel Rufo - ed . fayard
* Les étapes majeures de l'enfance - Françoise Dolto - ed. folio essais
* Psychogénéalogie - Nathalie Chasseriau - ed . hachette pratique