La guerre en Ukraine. "C'est en expliquant qu'on rassure".
« Pourquoi il y a la guerre ? », « pourquoi la Russie attaque l’Ukraine ? », « C’est Poutine le méchant alors c’est qui les gentils ? », « est-ce qu’on va avoir la guerre en France aussi ? » « C'est quoi la guerre ? ». Depuis le 24 février 2022 et l’invasion russe en Ukraine, de nombreux parents ont sans doute fait face à ce genre de questions de la part de leurs enfants.Après les attentats de Paris, après la pandémie du Covid-19, voilà un nouveau sujet complexe qui va occuper la tête de nos jeunes et qu’il est important d’aborder avec eux, notamment pour mieux rassurer.
@CONSTAT : Pour la énième fois, Géraldine hurle à son époux de ne pas regarder le J.T. de 20 heures avec Fanny, leur petite fille de 8 ans. Il faut dire que la télévision est au cœur du conflit, tout comme la presse, la radio, etc. Bref, la guerre, on en cause, on la voit, on l'entend. Les mêmes images repassent en boucles , faisant croire chaque fois à de nouveaux incidents ... Les enfants entendent les informations, même si vous les voyez occupés à jouer ," ils ont les oreilles qui traînent ! ", ils partagent nos émotions. Ils vont en parler avec leurs copains dans la cour de l'école. Les enseignants vont en parler à leurs élèves ...L'anxiété , la peur , l'angoisse peuvent s'emparer d'eux , sentiments qu'ils n'exprimeront pas forcément avec des mots, mais à travers des comportements .
💁Alors que faire ? communiquer ou se taire ?
Informer et protéger constituent un début de réponse, d'après le psychanalyste Serge Tisseron.
Face aux médias, le parent a un rôle
d'éducateur et non de prescripteur. L'enfant est conscient d'une
situation particulière, inutile donc de vouloir la nier. Il ne s'agit en
aucun cas d'interdire, ni de vouloir informer sans demande de vos
bambins. Eduquer, c'est se mettre à l'écoute. Vous allez pouvoir l'aider
à comprendre et prendre du recul.,,en établissant la communication avec lui . « C'est quoi la guerre ? » « C'est un conflit armé entre deux pays...» ...
La communication est indispensable entre l’adulte et l’enfant quand des événements d’importance surviennent.
En ces périodes d’incertitudes et de tensions, les enfants doivent recevoir des informations réelles, vraies et une aide appropriée afin de trier la masse informe de renseignements et idées qui leur parviennent.
* voici quelques pistes :
1. Ecouter et réagir sans orienter ou diriger la conversation:
°Calez
vous sur ce que l’enfant sait de la situation et sur l’intérêt qu’il y
porte. Faites l’effort de répondre dans un fond et une forme adaptés à
son niveau de compréhension et d’émotivité.
°Essayez de répondre aux questions même si elles vous paraissent à vous-même difficiles ou perturbantes. N’écartez aucune question ou sujet en déclarant « ça n’est pas important » ou « ne parlons pas de cela ». Si votre enfant a soulevé la question elle mérite réponse. Si vous ne savez pas la réponse, ayez l'honnêteté de le lui dire et de chercher cette réponse et de lui donner plus tard , pour ne pas trahir sa confiance.
°Evitez bien sûr les effets dramatiques ou descriptions trop détaillées d’évènements complexes, par exemple les effets des armes non conventionnelles; rappelez vous qu’il faut apaiser l’enfant.
2. En parler / communiquer / mot de l'année sur le blog !
"Tant qu'on n'a pas parlé avec l'enfant, on ne sait pas ce qui le malmène" affirme Serge Tisseron. Sur la guerre, autant établir la communication pour pouvoir dédramatiser.
En premier lieu, il faut tenir compte qu'enfants et adultes ne sont pas bouleversés par les mêmes images ou informations. Les facteurs anxiogènes sont différents. Par exemple, Pierre 8 ans, va être choqué par un jouet abandonné dans des décombres ou un enfant qui pleure. Une discussion autour des images qui sont traumatisantes est alors nécessaire.
Vous pouvez aussi lui expliquer que ça ne se passe pas ici, qu'il n'y a aucun risque de bombardements sur sa maison, ni celle de son copain. Ou bien lui faire remarquer que certaines images sont vues à plusieurs reprises, que ce sont donc les mêmes.
Avec le thème de la guerre, celui de la mort est quasi
inévitable. C'est l'occasion également d'aborder le sujet. «Est-ce qu'on va mourir ?» « on va tous mourir un jour , où, quand et comment je ne sais pas » « On ne meurt que quand on a fini de vivre »...disait Françoise Dolto . Consulter la réflexion du mois précédent sur ce blog : l'enfant face au deuil : trouver les mots justes.
Dialoguer , communiquer : Rien n’est pire que laisser l’enfant face à ses doutes et ses questions. « Les enfants sont de véritables éponges, ce n’est pas nouveau ! Il faut les ménager , surtout les plus jeunes, mais tout de même parler, expliquer, car c’est en expliquant qu’on se rassure ».
Sigmund Freud : « Du moment que quelqu’un parle, il fait clair. »
« On ne s’adresse pas aux enfants comme on s’adresse aux adultes » Il est tout à fait possible de parler d’un sujet aussi complexe que la guerre avec des mots simples. La preuve avec certains médias, comme Le Petit Quotidien, journal d'informations, spécialement adressé aux enfants.
Nous, les adultes, on peut se poser 1 000 questions, mais inutile de leur bourrer la tête avec des "si, et si, et si." Les peurs ou les doutes qu'on peut avoir, il faut savoir les garder pour nous car les enfants, eux, ne comprennent pas forcément l'hypothétique et prennent pour argent comptant la parole de leurs figures d'autorité (parents et enseignants).
Par exemple, se demander ce que chacun et chacune peut faire, à son niveau, pour construire et conserver la paix dans notre vie personnelle, ou même au sein de notre cocon familial.
3. Prendre du recul
"Quand on est abreuvé d'images de guerre, de couvertures de magazine ou de messages radiophoniques très évocateurs, il faut prendre de la distance", prévient Serge Tisseron.
L'enfant dispose de plusieurs méthodes pour le faire, hormis la parole. Il peut aussi dessiner l'information. Si votre petit dernier gribouille bombes et avions, pas de panique. Ne pensez pas qu'il est en proie à des pulsions morbides, ou qu'il affirme son penchant pour la guerre. Non ! Tout simplement il extériorise en mettant en scène l'information. C'est très positif. "Tout ce qui concerne la transformation de l'image est sain", confirme Serge Tisseron. La deuxième possibilité est de mettre en jeu. Alors s'ils se mettent à jouer à la guerre, c'est leur façon de "détoxiquer".
4. Protéger et rassurer.
Le discours doit rester rassurant. Comme pour les attentats de Paris en 2015 ou la pandémie depuis deux ans, « la guerre qui vient de se déclencher peut venir réactiver cette angoisse innée qu’on a tous concernant la mort ». A propos de la mort, consultez la réflexion du mois précédent sur ce blog : l'enfant face au deuil : trouver les mots justes.
« Il faut expliquer aux plus jeunes que oui, c’est grave une guerre, puisque ça touche plusieurs pays, mais aussi rappeler que l’humanité en a connu beaucoup », . L’objectif est de montrer à l’enfant que lui, à son échelle n’a rien à craindre « car on va tout faire pour que ça s’arrange ».
« Il faut avoir un discours rassurant
sans nier qu’il va se passer quelque chose, mais qu’éventuellement, il
va y avoir une solution. »
Protéger son enfant, c'est aussi lui éviter cette déferlante anxiogène qui envahit les ondes et encombre les conversations. Si vous tenez vraiment à vous informer par les médias, préférez lire qu'écouter/voir , quand des petits oreilles et yeux traînent dans les parages !
La communication non verbale est également très rassurante : un câlin
, un regard , des mains qui se touchent ...tout cela prouve à l'enfant
que vous êtes là , que vous l'assurez de votre attention et de votre
protection .
5.Reconnaître aussi ses limites...
Par ailleurs, il est tout aussi important de parler de ce qu’on sait que de mentionner ce qu’on ne sait pas. « On ne peut pas apporter que des réponses, qui plus est avec une actualité qui évolue jour après jour, à l’image du Covid ».
C’est l’occasion, alors, d’inverser la situation et de poser aussi des questions à l’enfant : et toi, tu en penses quoi ? Qu’est-ce que tu ressens ? Ça te fait peur ? Autant d’astuces pour échanger avec lui de la meilleure des manières.
6. Répéter plusieurs fois les informations.
@Yapaka ..UNE LETTRE AUX PARENTS !..