HYPER ( -actif , -sensible, - émotif ),HAUT POTENTIEL INTELLECTUEL , DYS (-lexique, -praxique, -calculique )...De plus en plus de parents s'interrogent sur leurs enfants , déjà depuis quelques années, en fait depuis la possibilité de tester son quotient intellectuel sur le net ! Les professionnels du soin sont submergés de demandes , les enseignants doivent composer avec de plus en plus de spécificités, les parents sont perdus ...serait -il présomptueux de vouloir évaluer le QI / quotient intellectuel , de son enfant ? et que dire des autres singularités ?? attention aux étiquettes qui seront ensuite accolées aux enfants ...et qui les suivront toute leur scolarité ...voire toute leur vie ! Faisons le point ...
A L'ORIGINE, UN DÉSIR DE COMPRENDRE : Les tests offrent la possibilité de mieux comprendre le fonctionnement cognitif des enfants, et en cela c'est un réel progrès ! aujourd'hui des prises en charge spécifiques existent ( psychothérapie, rééducation ) et des aménagements scolaires sont possibles , dès lors qu'un enfant est diagnostiqué . A l'origine, l'idée d'évaluer le QI a été conçue pour identifier un déficit d'intelligence et non pour en évaluer le "trop-plein " ...et ainsi mieux accompagner les éventuelles fragilités qui lui étaient liées .
UN REMÈDE À L'ANGOISSE DES PARENTS,. Progressivement , les tests sont devenus un passage obligé pour qui rencontre des difficultés...et cette surconsommation n'a pas que du bon : surtout quand elle vise davantage à apaiser l'angoisse des adultes plutôt que de permettre à l'enfant de grandir dans de bonnes conditions. Ce recours aux tests, aux évaluations vient répondre aux parents inquiets , très soucieux des "performances" de leur enfant et de leur scolarité . Quelques clics sur internet leur permettent désormais de reconnaître telle ou telle problématique , derrière quelques traits ou comportements . Rapidement , une évaluation s'impose et certains parents n'hésitent plus à entrer dans un cabinet de psys déjà munis d'un test, sans avoir pris beaucoup de temps pour s'interroger sur les problèmes réels rencontrés par l'enfant...et exigent un papier officiel voire médical . Hélène Denis, autrice de Traiter les troubles anxieux chez l'enfant et l'adolescent, observe cette dérive et rappelle que « seuls le TDAH ( trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ) et les troubles dys sont des pathologies . Le Haut Potentiel n'est pas une maladie , ni un dysfonctionnement , même s' il y a souvent un trouble anxieux associé .Quant à l'hypersensibilité, elle n'appartient pas au domaine médical , c'est une difficulté à réguler ses émotions » .
UNE SURCONSOMMATION DÉLÉTÈRE . Face à la pression des familles, certains professionnels répondent parfois trop vite à l'angoisse des parents. On prend les choses à l'envers, en fait il faut partir des difficultés pour aller vers le scientifique et non se tourner vers le scientifique pour justifier les difficultés . Le test se révèle alors une solution simple , rapide et efficace pour apaiser tout le monde car il permet de désigner un motif qui devient alors la cause de tout. La moindre vulnérabilité devient un levier existentiel , comme si une faille devait forcément être transformée en atout. L'hypersensible est créatif, le surdoué littéralement extraordinaire , le « dys » rame avec l'écriture ou le calcul , mais développe courage et endurance et le TDAH est agité par la curiosité . Alors l'honneur de l'enfant et de la famille est sauf ! Celui de la psychopathologie un peu moins , tant elle est simplifiée par des "diagnostics dégraissés " et cette banalisation s'opère au détriment de l'enfant comme de ses camarades . « Le risque est de ne plus pouvoir personnaliser les apprentissages de ceux qui souffrent » reconnaît Hélène Denis, à force de "médicaliser " l'école, les équipes éducatives ont du mal à suivre et le fossé se creuse entre les parents, qui attendent un traitement de faveur , et les enseignants qui ne sont pas thérapeutes ».
UN POINT DE DÉPART, PAS UNE FATALITÉ . Donc nécessaire de retrouver un peu de bon sens et de réserver ces diagnostics aux situations qui l'exigent...pour qu'ils soient correctement effectués et qu'un accompagnement thérapeutique puisse être envisagé , "le bilan "étant davantage un point de départ qu'une ligne d'arrivée .Le verdict a un impact qu'il ne faut pas négliger; il ne s'agit pas d'enfermer l'enfant dans une appellation d'origine contrôlée car ces étiquettes peuvent les empêcher d'avancer , c'est un équilibre à trouver, il est important de le rassurer et de l' aider concrètement en lui donnant des outils ou le temps dont il a besoin pour s'épanouir le plus sereinement du monde , pour l' encourager à développer ses propres ressources et ainsi s'adapter . Brigitte Prot , autrice de J'suis pas motivé, je fais pas exprès! Les clés de la réussite scolaire , met en garde contre l'effet " Post-it " et rappelle que "nous n'avons aucun instrument pour évaluer ou mesurer, non pas un enfant , mais son potentiel » .Un test n'est pas une boule de cristal...et heureusement !
QUAND FAIRE UN TEST ? « Nombre d'entre elles peuvent se résoudre sans passer par la pathologisation, estime la psychopédagogue Brigitte Prot. Il est toujours important de s'intéresser aux manques de l'enfant et de chercher quels sont ses besoins : s'organiser, réguler ses émotions, travailler la méthodologie, lutter contre son stress, rétablir la communication dans la famille, gagner en confiance ». Françoise Dolto prétendait que les parents avaient en eux les ressources pour être les thérapeutes de leur enfant ...à condition de savoir l'écouter vraiment ...( paroles, comportements, langage du corps ...) . Avant de songer à "diagnostiquer " le mal, encore faut-il en connaître la nature . « On ne doit pas hésiter à partager son inquiétude avec l'entourage , conseille la pédopsychiatre Hélène Denis, qu'en pensent les professeurs , la famille élargie, les amis ? quelles difficultés sont observées à l'école, à la maison , lors des activités à l'extérieur ? » Une fois repérées, il sera temps de passer à l'action .
Toutefois, si la situation ne s'arrange pas, il ne faudra pas attendre que la souffrance s'installe, mais se tourner vers le bon professionnel, qui pourra envisager la pertinence d'un ou plusieurs bilans.
QUI CONSULTER ? Attention aux diagnostics en ligne, pas toujours fiables.
Qui diagnostique quoi ?
° les (pédo-) psychiatres diagnostiquent la famille des troubles ( anxiété, TDAH ) ; ils peuvent utiliser certains tests cognitifs ou procéder à un examen clinique.
° les orthophonistes, après plusieurs séances , peuvent consigner des critères à présenter à un médecin qui posera éventuellement le diagnostic de "dys ".
° les psychologues cliniciens dûment formés sont habilités à repérer un QI élevé.
° les tests d'hypersensibilité proposés sur le web ne sont pas officiels . En France, la validation de plusieurs échelles est en cours, dont l'une est la traduction du HSPS de l'Américaine Elaine Aron .
SOURCE DE toutes ces informations : la revue PSYCHOLOGIES DE NOVEMBRE 2022.