* COMMENT EXERCER UNE AUTORITÉ PONDÉRÉE , SEREINE ET EFFICACE ?
° 1e principe : la congruence : bannir le « fais ce que je te dis , fais pas ce que je fais » Françoise Dolto est formelle ; « l'éducation , c'est l'exemple !» ; il est illusoire en effet d'espérer imposer des règles et des lois qu'on ne respecte pas soi-même !
L'enfants vous imite : il agit comme vous agissez , il calque ses attitudes sur les vôtres . SOYEZ L'EXEMPLE !
° 2e principe : la clarté et la continuité : Jean-luc Aubert
psychologue -dans son ouvrage " quels repères donner à ses enfants ?" insiste bien sur le fait que dire non 30 fois par jour , formuler toujours les mêmes interdictions est un rôle ingrat mais nécessaire : aucun enfant n'intègre des règles floues , fluctuantes , ambigües , aléatoires , arbitraires ou formulées de façon équivoque , sans conviction de leur bien-fondé .S'il doute de la détermination de ses parents à les faire appliquer , c'est raté !
NÉCESSITE DONC D'AVOIR CONFIANCE EN SOI DANS SON RÔLE DE PARENT.
° 3e principe : le respect des places de chacun : l'autorité doit s'appuyer sur la différence d'âge ; les enfants même matures ne sont pas des adultes miniatures , les traiter en pseudo égaux , en copains , en confidents ne fait que les angoisser !
LE FOSSÉ DES GÉNÉRATIONS LES AIDE À SE STRUCTURER ; SEULE LA NATURE DES INTERDITS À POSER CHANGERA ...
D'OÙ DES REPÈRES POUR VOUS GUIDER SELON L'ÂGE DE VOTRE ENFANT .
@ AVANT 2 ANS :Quand l'enfant commence à marcher et touche à tout , quand il explore son univers , les 1ers interdits doivent être formulés pour garantir sa sécurité. Il s'agit alors de mettre en place une véritable éducation à la sécurité , en faisant taire sa propre peur de parent pour " accompagner" l'enfant dans la découverte de son milieu de vie. L'enfant découvre l'autonomie du déplacement et sa confiance en soi va reposer sur la capacité des parents à accompagner son exploration de manière encourageante et sécurisante , une espèce de "portage mental " , subtil équilibre entre stimulation et protection .
Si les parents sont trop inquiets , l'enfant risque de douter de ses compétences :
« non , tu vas tomber » , « non , n'y va pas , tu vas avoir peur !» , dire au contraire ; « oui ,tu peux faire seul , je suis là pour te surveiller » , « non , tu es encore trop petit » , « pose bien tes pieds , sinon tu peux glisser » . Par contre , une trop grande latitude d'action peut faire douter l'enfant de la capacité de ses parents à le sécuriser , et à sécuriser son environnement . N'HÉSITEZ PAS À DIRE FERMEMENT NON : MÊME S'IL NE VOUS RÉPOND PAS ENCORE , IL VOUS COMPREND TRÈS BIEN !
@ DE 2 À 3 ANS :
° IL (ELLE ) DIT NON À TOUT ! « Il ou elle dit non pour faire oui » disait Françoise Dolto ; l'enfant est dans la phase de séparation , individuation ; si quoique vous lui proposiez , il refuse systématiquement , c'est pour mieux prendre ses distances et affirmer son identité : donc réjouissez -vous plutôt que de vous "catastropher "!
* votre attitude : être souple, déjouer son obstination en attirant son attention sur une autre activité car vous courez à l'échec si votre attitude est rigide et en rapport de force ,; le message à faire passer : les interdits que vous posez ne sont pas faits pour l'embêter ou imposer arbitrairement votre volonté mais pour le protéger . Ex : interdit de traverser la rue ou de toucher une prise de courant ( expliquez les dangers)
° IL (ELLE ) TAPE LES AUTRES ENFANTS , MORD , CASSE LEURS JOUETS . Posez fermement l'interdit : « il est interdit de faire du mal aux autres et à soi-même » L'interdit de la violence est fondamental , c'est une charpente psychique grâce à laquelle l'enfant sera un adulte respectueux des lois et de l'ordre social .
* votre attitude : Pas de loi du talion pour le punir : mordre un enfant pour lui montrer ce que ça fait est plus proche du sadisme que de l'autorité bien comprise !mieux vaut expliquer que ces gestes font mal . Faire prendre conscience que l'on peut remplacer les gestes par la parole : « que veux-tu dire en le mordant , en le tapant ?» prendre la main qui a agi en lui faisant faire un geste de tendresse , de caresse , d'apaisement .
° IL (ELLE ) REFUSE DE MANGER : Bouder la nourriture est un moyen de pression assez fréquent , l'enfant sait "titiller" ses parents -nourriciers - là où ils sont le plus vulnérables ! Se mettre en colère , le forcer . l'amuser pour le faire absorber conduit au refus et à l'échec .
* votre attitude : n'en faites pas un enjeu sinon les repas deviendront des corvées au lieu d'être des moments conviviaux . Faites la trève , mangez de bon appétit devant lui , variez les plats et les goûts que vous lui proposez , faites le participer à la confection d'un gâteau , d'une salade .... Laissez -le manger à sa faim mais ne tolérez pas qu'il aille se servir en dehors des repas . Pas de chantage : « si tu manges ta viande , je t'achéterai ...» ou « mange pour me faire plaisir » .Dites vous qu'en général , un enfant ne se laisse pas mourir de faim : essayez de décrypter son comportement , interrogez -vous : « que veux-tu me dire en refusant de manger ce que je t'ai préparé ?? »
° il veut se marier avec maman , elle veut se marier avec papa :
C'est l'âge du complexe d'Oedipe : l'enfant cherche à évincer le parent dont il souhaite prendre la place .( d'où attitudes , comportements , phrases "assassines " )
* votre attitude : soyez vigilant face aux attitudes et aux mots ; formulez clairement l'interdit de l'inceste . « pour rire , tu peux dire que tu vas te marier avec papa ( maman ) , mais en vrai c'est interdit !» F.Dolto
Ajoutez également qu'à partir de cet âge , il est interdit de dormir dans le lit des parents et de prendre un bain avec eux ; complétez toujours votre information par une perspective future : « quand tu seras grand (e) tu aimeras un homme ( ou une femme ) à ton tour » Affirmez haut et fort votre amour pour votre conjoint en ne laissant jamais espérer à l'enfant qu'il pourra un jour prendre la place de celui ou celle qu'il rêve d'évincer . Au fur et à mesure qu'il grandit , expliquez lui qu'on peut manifester aussi sa tendresse avec des mots au lieu de s'étreindre ou de se toucher.
° IL (ELLE ) SE MASTURBE DEVANT TOUT LE MONDE : Pas question de lui interdire la masturbation , étape nécessaire dans l'évolution de sa sexualité .
* VOTRE ATTITUDE : imposez cette condition : qu'il (elle ) le fasse seul (e) dans sa chambre car on ne doit pas exhiber son sexe: c'est le moment idéal pour lui expliquer que son corps lui appartient , qu'aucun adulte ou "grand " enfant n'a le droit de le regarder ou de le toucher contre sa volonté . CET INTERDIT DOIT ÊTRE POSÉ À CET ÂGE , CAR LA MEILLEURE PROTECTION QUI SOIT EST LA PRÉVENTION !
° IL ( ELLE ) REFUSE D'ALLER À L'ÉCOLE ;
l'école lui impose des règles de vie qui nécessitent un temps d'adaptation.
* VOTRE ATTITUDE : prendre ses peurs et ses réticences en considération sans pour autant lui céder , expliquez les lois de vie en société et la confiance que vous avez envers ce lieu de vie et les adultes qui s'occupent de lui .
Autorisez -le à vivre cette vie en dehors de la famille, à entrer dans le monde de l'école ...sinon l'enfant perçoit vos réticences et votre difficulté à se séparer de lui . Souvent un petit copain ou une petite copine joueront le rôle de "tiers séparateur "
@ DE 7 À 11 ANS:
° IL (ELLE ) TRICHE EN CLASSE : à cet âge dit "de raison " , l'enfant développe son sens moral . Servez -vous en : utilisez cette règle d'or à laquelle il est sensible : « ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse »
S'il triche en classe , faites valoir que c'est déloyal envers ses camarades et qu'au final cela lui nuira , il sera perdant car il lui manquera des connaissances.
° IL (ELLE ) NE VEUT PAS DÉBARRASSER LA TABLE NI RANGER SA CHAMBRE .Claude Halmos -psychanalyste - prétend : « on peut très bien parler à un enfant de cet âge de ce qu'implique la vie en société -les droits et les devoirs de chacun , la répartition des tâches et le renvoyer au fait qu'on n'a pas de droits sans devoirs »
Donc s'il veut un certain nombre de droits , il doit de son côté faire ce qu'il y a à faire .
° IL (ELLE ) NOUS MANQUE DE RESPECT : Peu de parents tolèrent que leurs enfants les critiquent ouvertement , portant atteinte-ils pensent - à leur honneur de parent . Pourtant la franchise n'empêche pas l'enfant de respecter l'autorité des parents : acceptez de discuter des reproches qu'il vous adresse , l'enfant comprendra ainsi qu'il est écouté , qu'il peut exprimer son ressenti sans être jugé. Evidemment , insultes , grossièretés , accusations non fondées et insolences sont inacceptables .MAIS AVANT DE SANCTIONNER UN ENFANT QUI VOUS A MANQUÉ DE RESPECT, DEMANDEZ -VOUS TOUJOURS SI VOUS , VOUS L'AVEZ BIEN RESPECTÉ !
° IL (ELLE ) SE BAGARRE AVEC SES FRÈRES ET SŒURS : « Le plus important , précise Claude Halmos , c'est que les enfants sachent que les parents ne prendront pas parti dans ces disputes . Parce que , impossible de savoir qui a commencé , ou qui a tort ou raison , et qu'en intervenant , ils deviennent un enjeu : c'est à qui obtiendra leur accord : il est donc preférable d'envoyer les enfants régler leurs problèmes entre eux ; ça devient tout de suite moins rigolo ! » ENONCER LES INTERDITS D'USAGE : NE PAS FAIRE DE MAL ÀL'AUTRE , NI EN GESTES , NI EN MOTS .
° IL (ELLE ) A DE "MAUVAISES "FRÉQUENTATIONS : existe t-il de bons ou de mauvais copains ? si votre enfant se lie avec le dernier de la classe , le bagarreur , le frondeur , soyez attentif à ce "message détourné "! : peut-être est-il trop tenu , votre contrôle est trop strict , votre éducation trop autoritaire ? il a envie d'évasion , de fantaisie , d'ouverture d'esprit et de débrouillardise : message à recevoir 5 sur 5!!
@ DE 12 À 16 ANS : PRENEZ PATIENCE , DÉDRAMATISEZ LA SITUATION ET ÉCHANGEZ AVEC D'AUTRES PARENTS ! ULTIME RECOURS : allez regarder votre ado quand il dort , n'a t-il pas l'air d'un ange ??
* L'adolescence est la période la plus conflictuelle , en ce qui concerne les interdits et la plus difficile autant pour l'enfant que pour ses parents !
* CLaude Halmos précise les enjeux :« quelle mère , quel père n'a pas connu , devant son enfant qui commence à marcher , la peur ? peur qu'il ne chute ou se blesse . L'enfant qui refuse l'appui de l'adulte et risque seul ses 1ers pas dérange tout comme il dérangera plus tard quand refusant l'aide des mains parentales , il déclarera : « non , tout seul !» l'enfant dérange alors l'ordre établi .Aucun parent ne peut vivre sans appréhension les moments où l'enfant , pour avancer , a besoin d'échapper à son contrôle , de refuser sa protection . Aucun ne paut éviter la tentation d'interdire , d'entraver cette liberté naissante : « attention , ne touche pas ! ne bouge pas ! reste là ! » tout au plus , peut-il essayer de ne pas y céder ! Des années plus tard , face à l'adolescent qui déclare : « je fais ce que je veux !» , les parents retrouvent la même angoisse , avec les mêmes enjeux : autoriser la prise de risques tout en essayant d'éviter les dangers majeurs mais avec plus de difficultés car un adolescent qui essaie de se mettre au monde fait plus de bruit qu'un nouveau -né !»
* comment dans la tourmente de cet âge dit " ingrat" exercer son autorité ? voici 3 suggestions de Claude Halmos :
1. il (elle ) n'en fait qu'à sa tête .A l'adolescence , tout bouge dans la tête et dans le corps ..On a donc plus que jamais besoin que , à l'extérieur , tout soit solide et stable .En 1er lieu , l'autorité des parents , même si l'adolescent la conteste systématiquement, ce n'est pas pour lui un jeu , c'est une nécessité .Il la conteste parce qu'il essaie de devenir son propre maître .Il se construit "contre " l'autorité dans les 2 sens du terme : en luttant contre elle mais en prenant en même temps appui sur elle . Il faut donc qu'elle existe et résiste : on ne peut pas s'appuyer sur du vide ! alors tenez bon , acceptez d'être voués aux gémonies et supportez les conflits inévitables et salutaires .
2. il (elle ) m'interdit d'entrer dans sa chambre ; il est important d'exiger d'un adolescent qu'il respecte les règles de la vie familiale, les horaires et les espaces communs . Mais sa chambre est à lui et il peut en faire ce qu'il en veut . IL n'est toutefois pas interdit de lui dire ce que l'on pense de "son ordre" , s'il vient se plaindre d'avoir « perdu le devoir de maths qu'il avait.. pourtant posé à côté du coca , derrière la pile de linge sale » et pour ce qui est du linge sale en question, s'il n'a plus de linge propre à mettre , c'est son problème : il fait ce qu'il veut de sa chambre mais vous n'avez pas à y aller chercher le linge à laver !
3 . il (elle ) rentre au petit matin ; avoir de l'autorité ne veut pas dire faire de l'autoritarisme ! Les ados font très bien la différence entre les interdits qui ont vraiment un sens : « traverser la CHine à pied , je conçois que cela te tente mais c'est vraiment trop dangereux ..» et ceux que l'adulte ne pose que pour affirmer ( ou tenter de récupérer ) son pouvoir : « tu ne sors pas ce soir .pourquoi ?parce que ...» Bien des relations parents-ados meurent ainsi , pour cause d'arbitraire .
Les ados n'ont pas besoin non plus d'une institution " légiférante " : « je suis ton père et je te déclare que ...» : ils ont besoin d'adultes qui parlent vrai , qui expliquent les règles de vie , leur responsabilité sociale de parents et aussi , sincèrement leurs propres limites . « C'est vrai que les parents de X le laissent rentrer après minuit , mais moi je ne suis pas d'accord avec eux . Tous les parents ont des limites et ont le droit d'en avoir »
° les bons interdits donnent à l'enfant le cadre sans lequel il ne peut vivre .
° les mauvais interdits sont ceux qui "cassent" sa personnalité parce qu'ils ne respectent ni ses rythmes , ni ses désirs .Ce sont ceux qui tendent à faire de lui un objet docile , soumis à l'arbitraire des adultes .
° quelques exemples de la vie quotidienne :
* DORMIR : on n'a pas à exiger d'un enfant qu'il dorme s'il n'a pas sommeil MAIS on peut lui imposer d'aller à telle heure dans sa chambre .S'il n' a pas sommeil , il peut jouer et il dormira ensuite mais une fois dans sa chambre , il ne sort plus .
* MANGER : on n'a pas à exiger d'un enfant qu'il mange s'il n' a pas faim ou qu'il ingère un aliment qu'il déteste .Il est seul juge de son appétit et de ses goûts .MAIS on n' a pas à lui faire des repas "à la carte " -s'il n'aime pas un plat , il mange la suite ...et au repas .
* S'HABILLER : un enfant peut très bien choisir la forme et la couleur du vêtement qu'on va lui acheter MAIS l'adulte décide de ne pas dépasser tel prix et explique pourquoi .
* TRAVAILLER : à partir du CP , l'enfant peut apprendre à s'organiser .Il peut choisir à quel moment il commence son travail et par quel devoir il commence .MAIS l'adulte a le droit d'exiger que , à telle heure , les devoirs doivent être terminés pour qu'on puisse prendre son bain , manger etc ...
@ ET SI L'ENFANT TRANSGRESSE LES INTERDITS ?
* TOUTE TRANSGRESSION MÉRITE SANCTION ! , c'est ce qui donnera du poids aux mots .Si vous vous contentez de menaces , vous perdrez toute crédibilité .
*« l'enfant lui-même est soulagé quand la punition tombe » explique Patrick Delaroche dans son livre " Parents , osez dire NON " car elle lui permet de réparer "sa "faute et le libère de sa culpabilité.
* Bien entendu , PUNIR LE PLUS INTELLIGEMMENT POSSIBLE ! Copier 100 fois « je ne mentirai plus» ne sert à rien ! En revanche , nettoyer ce qu'il a sali , rembourser ce qu'il a dérobé et détruit , faire une tâche d'intérêt familial etc... est plus formateur.
* UN ENFANT DOIT TOUJOURS ÊTRE CLAIREMENT PRÉVENU DES CONSÉQUENCES DE SES ACTES .S'IL TRANSGRESSE , C'EST EN TOUTE CONNAISSANCE .SI , À TITRE EXCEPTIONNEL , LA SANCTION PRÉVUE EST LEVÉE , DES EXPLICATIONS S'IMPOSENT .
* Pour en savoir plus :
° parents , osez dire non - Dr Patrick Delaroche -Ed .Albin Michel
° quels repères donner à nos enfants ? Jean-luc Aubert -Ed.Albin Michel
° Vos enfants ne sont pas des grandes personnes -Béatrice Cooper-royer -Ed.Albin Michel
