* CONSTAT : ' en devenant mères ,les femmes se sentent responsables de tout ...et à vie !
' la société ne se prive pas de leur rappeler !
' les mères qui s'acceptent trouvent leur équilibre grâce à un appui auprès du père et au renoncement à l'illusion de " la toute puissance maternelle ".
* EN RÉALITÉ ...les mères en ont ASSEZ ! elles courent après le temps sans jamais marquer de pause ; elles ne supportent plus d'essuyer les incessantes réflexions des uns et des autres = conjoint ,collègues , professeurs , grands-parents , corps médical etc...qui prétendent que la mère n'est jamais là ou qu'elle est trop fusionnelle , ou trop sévère ou trop laxiste ...et si l'enfant ne va pas bien , c'est parce qu'elle - même n'est pas en forme !
* PAS DE MATERNITÉ SANS CULPABILITÉ !
@manque de temps , de présence ,de disponibilité , de tendresse , d'énergie ...les mères se sentent constamment coupables ...
- de ce qu'elles donnent ou ne donnent pas !
- de ce qu'elles font ou ne font pas !
@ jadis , soutenus par un carcan sociétal et religieux qui leur garantissait toute autorité sur leurs enfants , les parents étaient convaincus qu'ils faisaient bien quoiqu'ils fissent ...mais depuis les années 60 , les repères familiaux ont volé en éclats ; parallèlement , les femmes se sont lancées à l'assaut du monde du travail avec en toile de fond la pensée féministe de Simone de Beauvoir affirmant que " la maternité risquait de freiner leur épanouissement dans une recherche d'égalité avec les hommes"
@ 40 ans plus tard , la société leur renvoie' le balancier de plein fouet'
ex: une maman qui habite dans un village, travaille dans une ville proche,elle a un enfant de 2 ans , un mari aux horaires irréguliers ...un matin,elle laisse - avec remords - sa fille malade à la nounou...lors de la réunion de travail , les collègues masculins expliquent que " s'il y a des voyous , c'est parce que les mères ne sont pas assez présentes !!" ....voici le reflet de la société entière qui s'acharne à rendre les mères responsables de tous les maux qui touchent les enfants , renforçant de cette manière , LEUR CULPABILITÉ NATURELLE !
** Pour Sylviane Giampino , psychanalyste et psychologue de la petite enfance : ° entrer en maternité c'est entrer en culpabilité ; les mères avancent sur un terrain doublement miné :
° d'un côté , par l'idée mythique de toute puissance : puisqu'elles donnent la vie , elles ont le pouvoir de donner ce qui est bon et par conséquent également ce qui est mauvais !
° de l'autre , par le mirage selon lequel la mère est l'enveloppe protectrice de l'enfant , c'est la nourrice , l'éducatrice , la seule qui soit bonne pour la santé , l'équilibre et le bonheur de l'enfant .
** la culpabilité est d'autant plus douloureuse quand elle n'est pas partagée ...dans le cas des mères qui élèvent seules leurs enfants pour des raisons différentes ; elles subissent des regards accusateurs comme si elles portaient l'entière responsabilité de la situation ...
* DES THÉORIES PSY MAL INTERPRÉTÉES ?
@ la culpabilité liée à la maternité depuis la nuit des temps est aujourd'hui de plus en plus lourde! " les découvertes des thérapeutes pour enfants , de Winnicott à Dolto , sont passionnantes , dit la pédiatre Edwige Antier , malheureusement , une interprétation erronée de leurs théories les dévoie quotidiennement et déstabilise les mères " .
ex : une mère qui consulte un pédiatre pour l'angine de son fils de 9 ans , se voit accusée d'être déprimée ou fatiguée et ainsi de rendre son fils malade ! langage du corps de l'enfant certes ...mais !
@ au cours des 50 dernières années , nous assistons à un développement d' un tel champ de connaissances sur les enfants qu'aucune mère - quelque soit son niveau d'information , de disponibilité et de moyens financiers , ne peut appliquer ! impossibilité renforcée par le discours social = " puisque vous savez ce qui est bon pour votre enfant et que vous ne l'appliquez pas , c'est que vous êtes une mauvaise mère ! " ou le pire consistant à affirmer doctement =" si la mère va bien , les enfants vont bien ! "....d'où une surangoisse des mères qui ne vont pas bien ..et un certain désengagement de la responsabilité de l'entourage !
* À LA RECHERCHE DE L'ÉQUILIBRE ...où comment sortir de ce cercle vicieux ?? ° d'abord en repérant d'où vient la critique assassine...s 'il s'agit du discours d'une puéricultrice , d'un professeur , d'un médecin , prendre de la distance ...mais si la crititique vient d'un proche ( enfants , conjoint , parents ) important d'être à l'écoute !
° " se sentir mal parce qu'on a le sentiment d'avoir- tout faux -, c'est parfois le début d'une prise de conscience du besoin d'aide ;" une bonne culpabilité est une culpabilité qui pousse à travailler sur soi et à comprendre réellement de quoi on souffre "...quitte à se demander si ce surmenage ou cette culpabilité ne sont pas également un moyen de se valoriser !
° il est nécessaire de s'appuyer sur ceux qui nous entourent notamment le père ; en refusant de renforcer l'illusion de la toute puissance maternelle , un père peut aider une mère à déculpabiliser :
+ d'abord en la rassurant , en la protégeant de tout ce qui pourrait nuire à sa tranquillité avec le nouveau - né ,
+ puis , au fur et à mesure en prenant sa place dans la " bulle maman - bébé " .....à condition qu'il refuse à se soumettre à la domination de la mère c'est à dire s'occuper de l'enfant quand elle le lui dit et de la façon dont elle le dit ! la mère s'apercevra alors que ce n'est pas si grave si ...la couche est de travers , le bébé est sorti sans bonnet ou le tee-shirt pas assorti au pantalon !
elle réalisera alors que son enfant peut survivre sans elle = c'est le début de la déculpabilisation !
+ ensuite , SE FAIRE PLAISIR ...comme le suggère la psychothérapeute Catherine Serrurier : " paradoxalement , s'occuper à quelque chose qui apporte une gratification déculpabilise " .
ex: une maman qui prend 1 heure pour aller à la piscine , ou voir une expo , ou faire du shopping , ou pour un rendez-vous chez le coiffeur ou en institut ...a le sentiment de " voler " du temps à ses enfants ...mais cette heure la détendra et sa gestion du temps n'en sera que meilleure !!
+ la seule condition à cet épanouissement reste que les proches le comprennent ( enfants , conjoint ) .
+ enfin , une fois le ménage fait entre les injections des uns et les conseils des autres , il est parfois souhaitable d'être à l'écoute de cette culpabilité impitoyable que l'on se fabrique toute seule !!
* veut-on être une " bonne mère " que l'on a idéalisée ?
* veut-on au contraire donner à son enfant tout ce dont une " mauvaise mère " nous a privée ?
* comment renoncer à l'idée de toute puissance sur son enfant ?
* veut-on continuer à être " une mère modèle " comme la petite fille sage , obéissante que nous étions ? écoutons toujours " l'enfant qui est en nous " !
* veut-on être celle dont on dit toujours " elle est formidable .elle mène tout de front ..." ?
* oublions nous d'être épouse , femme tout simplement ?
@ ALORS , EN BREF ?
* IL S'AGIT D'ACCEPTER D' ÊTRE - COMME LE DISAIT WINICOTT - UNE MÈRE " SUFFISAMMENT BONNE " C'EST-À- DIRE...QUI RÉPOND AUX BESOINS DE SON ENFANT , QUI CONSTITUE AINSI UNE BASE DE SÉCURITÉ INTÉRIEURE MAIS CAPABLE DE FRUSTRER SON ENFANT , NI PLUS ,NI MOINS ...AVEC SES AMBIVALENCES , SES DOUTES , SES LIMITES ...ET TOUT SON AMOUR !
* DIRE À SON ENFANT ....LES PAROLES DE FRANÇOISE DOLTO :
" débrouille - toi avec la vie ;je fais ce que je peux pour que tu sois heureux , mais ce n'est pas toujours à cause de moi si ça ne va pas , si tu n'es pas heureux , si tu es malade ; la vie n'est pas toujours comme on le voudrait : tu t'en sortiras si tu sais prendre les choses du bon côté ..."
@ LES MÈRES ...FACE AUX ENFANTS ATTEINTS DE MALADIE GRAVE ...
* la culpabilité parentale est terrible dans le cas de transmission d'une maladie héréditaire et ( ou ) génétique ...d'après Martine Frischmann - psychologue -conseil auprès de l'Association Française de Myopathie - " admettre le caractère génétique change la culpabilité des parents " : le parent se sent coupable d'avoir transmis une maladie à l'un de ses enfants , et d'avoir affecté toute la descendance de celui-ci ...
* certains enfants évoquent un " horrible soulagement " car savoir que l'un de ses parents est responsable permet de réduire le caractère traumatique du drame ...
* mais savoir " qu'il y est pour quelque chose " permet au parent de s'approprier ce qui arrive à son enfant ; devenu responsable , il entre dans le versant constructif de la culpabilité .
* dans le cas d' un bébé mort avant terme ou à terme , la culpabilité de la mère est immense : " qu'ai-je bien pu faire pour faire mourir mon bébé ? "
" que n'ai-je pas fait pour qu'il vive ? " ....Françoise Dolto disait que " la conception est une rencontre à 3 ...3 désirs : le désir d'un homme et d'une femme et un désir pour l'enfant de s'incarner , un désir en devenir d'une personne à naître , d'un individu unique . " seul chaque enfant se donne vie par son désir de vivre " .
° si le sujet désire s'incarner , il le fait .
° la vie et le désir sont une seule et même chose .
° en un sens , les parents ne sont que les médiateurs d'un désir à naître...dans un 1er temps, la mère est le médiateur biologique pour l'embryon qu'elle héberge , car dès sa 1 ère division , celui-ci est différent de sa mère .; et après la naissance , les parents ont le même rôle de médiateur en éduquant l'enfant à devenir lui-même .
@ LES PÈRES AUSSI SE SENTENT -ILS " FAUTIFS " ?
* les pères aussi sont accusés , bousculés , contredits ...
* mais si 39% des parents se plaignent de leurs difficultés croissantes à élever leurs enfants , les pères et les mères ressentent des culpabilités différentes = ° 65,6% des pères regrettent de ne pas assez voir leurs enfants . ° 52,7% craignent de manquer d'argent pour assurer son éducation.
° alors que 61% des mères se sentent coupables de ne pas savoir protéger leus enfants des influences extérieures .
° et 50,3% ont peur de ne pas comprendre leurs enfants .
@ QUELQUES LIVRES POUR EN SAVOIR PLUS ...
* les mères qui travaillent sont-elles coupables ? . Sylviane Giampino - Ed . albin michel .
* éloge des mauvaises mères .Catherine Serrurier - Ed. desclée de brouwer .
* éloge des mères .Edwige Antier - Ed . robert laffont .
* et le dernier livre d'Elisabeth Badinter: Le conflit . La femme et la mère .-Ed. Flammarion . ( dont vous pouvez écouter un extrait sur www.fnac.com )
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