* c'est le cri lancé par CLAUDE HALMOS -psychanalyste , spécialiste de l'enfance et de la maltraitance , émule de Françoise Dolto qui avait ainsi défini le mot "AMOUR " : " Le mot valise qu'est pour ainsi dire le mot "amour " ne suffit plus pour s'entendre depuis les découvertes de la psychanalyse . On sait qu'en français on peut aimer le beefsteak , sa maison , son papa , sa maman .On peut aimer aussi son chien , on peut aussi aimer aimer et on pourrait donner quantité d'autres exemples : le terme aimer s'applique à tout ! "
** Qu'y a t-il de plus important pour un enfant ? de quoi a-t'il le plus besoin ? pour la majorité , c'est L'AMOUR : repère majeur pour tout ce qui concerne les relations parents - enfants , espèce de certitude implicite qui pèse sur les parents . " Puisqu'on a des sentiments forts pour l'enfant et qu'on les lui exprime , cela suffira à son développement " Quand on dit " amour" , l'amour pour l'enfant est souvent réduit aux seuls sentiments !
@PARENTS -ENFANTS : SAVOIR CE QU'AIMER VEUT DIRE ...
* Cet amour -tout à fait particulier - est de part sa nature même radicalement différent de tous les autres puisqu'il consiste pour l'aimant ( le parent ) à aimer l'enfant que non seulement il ne possédera jamais totalement - ni son corps ( interdit de l'inceste ) ni son esprit qui doit trouver d'autres voies ...) mais qui lui appartiendra , au fil du temps , chaque jour un peu moins ...
* On aime son enfant pour qu'il nous quitte ...différence essentielle avec l'amour entre adultes ! Un enfant , on l'aime , on lui donne tout et plus que tout ...pour qu'il nous quitte ...difficile pour les parents !
* Un amour parental ne peut être vrai qu'à partir du moment où il a pour l'enfant une utilité : s'en servir pour se construire et avancer .
° pour cela , 2 conditions :
1. apporter à l'enfant dans tous les domaines les "matériaux" nécessaires pour devenir " un grand " puis "un adulte ".
2 . en ayant une conscience claire que ces " dons " n'ont pour but que de lui permettre un jour de quitter ses parents pour" voler de ses propres ailes ". Certes , l'amour - paroles , câlins , tendresses - l'amour -sentiment est fondamental , mais pour rendre son enfant capable de vivre , chaque jour un peu plus , loin de soi , ailleurs , c'est faire en sorte de lui être - au fil des jours - de moins en moins indispensable sur le plan matériel ( autonomie ) et sur le plan des sentiments .
* Aimer son enfant c'est l'aider à se détacher de soi afin qu'il puisse s'attacher de plus en plus à d'autres pour lui ouvrir les portes du monde et renoncer à l'exclusivité de son affection .
* La possessivité dans le rapport parents-enfants est toujours destructrice ...elle empêche l'enfant de vivre mais aussi d'être ...de se construire comme autre " différent d'eux " , conscient de ses limites et du droit à devenir "lui" . Vouloir garder un enfant pour soi n'est pas l'aimer ! L'amour parental qui ne serait fondé que sur la possession ne pourrait être appelé " AMOUR " !
@ A PROPOS DE " L'AMOUR SENTIMENT " ...Cet amour entre parents et enfants n'est pas toujours là , l'amour parental n'est pas naturel ! il est affaire de paroles et de désir ...désir parfois bloqué par l'histoire personnelle . Donner de l'amour à ses enfants implique que l'on en ait en soi ...2 conditions requises : 1. si l'on a été , enfant , aimé par ses propres parents . 2 . si cela n'a pas été le cas , avoir pris conscience - dans son trajet personnel de ce manque . Mais l'amour quand il est là n'est pas toujours bon car sa nature , complexe , dépend aussi de ce que les parents ont vécu auparavant .
@ L'AMOUR POUR SON ENFANT IMPLIQUE DE LA PART DU PARENT UN TRAVAIL PSYCHIQUE CONSIDÉRABLE ...car il s'agit de faire coïncider en permanence attachement et détachement ; l'attachement se manifestant par les sentiments , l'affection , la tendresse , le plaisir pris ensemble de communiquer , de mener des projets ensemble , de construire une vie gaie et enrichissante : "aucun enfant ne peut être heureux avec ses parents s'il ne les sent pas heureux avec lui "; le détachement s 'exprimant par le fait de ne pas jouir de la possession d'un enfant , de lui donner la liberté de vivre . LE LACHER EST LA CHOSE LA PLUS DIFFICILE AU MONDE .
* Il faut que le parent puisse trouver une satisfaction profonde et vraie dans 2 choses ; le don et la transmission ; éprouver du bonheur à donner sans attendre d'autre retour que le spectacle de l'épanouissement de l'enfant auquel il donne ... et à transmettre non seulement pour le temps où il est encore là mais pour celui également où il ne sera plus là ; le parent sait d'avance que , sans que l'amour soit en rien épuisé , il sera un jour séparé de son enfant par la mort , qu'il ne verra jamais pousser la totalité de ce qu'il a semé ! L'enfant a besoin de paroles et d'exemples pour comprendre que "l'existence fonctionne en fait comme une course de relais où chaque génération passe à l'autre le témoin ." De cette façon , l'enfant peut se sentir de plain -pied et de plein droit dans la suite des générations.
@ ET SURTOUT L'AMOUR PARENTAL IMPLIQUE UN DEVOIR D'ÉDUCATION...
Actuellement, l'éducation est dévalorisée : beaucoup d'enfants en souffrance sont malades de leur éducation ou plutôt de leur absence d'éducation : troubles divers , retards de paroles , de développement ou d'apprentissage , troubles du caractère , difficultés relationnelles révèlent ce mal-être . Quand on réduit l'amour parental à des sentiments , on oublie la construction de l'enfant . UN ENFANT SE CONSTRUIT ...et le facteur principal de sa construction est L'ÉDUCATION QUE LUI DONNENT SES PARENTS .
* EDUQUER UN ENFANT ...c'est l'aider à devenir un être civilisé , c'est à dire un être qui n'est pas seulement guidé par ses instincts et ses bons plaisirs , c'est l'humaniser : l'aider à découvrir ce qu'il est , ce qu'il aime , ce qu'il veut , à développer ses potentialités , à construire son être profond , sa singularité ; c'est lui permettre , en lui enseignant les règles de la vie humaine , d'inscrire sa singularité dans la communauté des autres . Le manque de paroles , de limites , de respect , de sécurité , d'attention , d'affection entrave son développement psychique autant que la privation de nourriture porte atteinte à sa croissance , à son corps : c'est de la malnutrition éducative .
" TOUTE CONSTRUCTION OBÉIT À DES LOIS " : Les enfants sont comme des bâtiments , ils ne peuvent tenir debout ni psychiquement , ni psychologiquement s'ils sont construits n'importe comment .
Cette construction nécessite : 1 . un certain nombre d'apports : aucun enfant ne peut découvrir seul qu'il est nécessaire , pour avancer dans la vie , de travailler , de renoncer à son plaisir immédiat et de s'astreindre à des efforts ...nécessité de le lui enseigner !!
2 . un équilibre de ces apports : l'enfant doit apprendre à contenir sa violence , à ne pas attaquer les autres . Il doit devenir capable de se défendre en développant le contrôle de lui-même et une capacité d'agressivité positive .
3. et la mise en place d'interdits , de limites , toujours difficile pour les parents qui ont peur que l'enfant souffre ...mais cette souffrance est indispensable et constructive .
**Claude Halmos donne des repères pour le psychisme - repères qui peuvent être énoncés aussi clairement que des règles de diététique :
1. un enfant n'est pas le centre du monde : il a besoin de savoir que ses parents ont une vie et que lui ne peut pas être dans cette vie tout le temps :ex . il va se coucher à une certaine heure sans se relever 50 fois ! même sous prétexte de cauchemars , il ne vient pas toutes les nuits dans la chambre de ses parents ! il a besoin d'une sexualité séparée de celle de ses parents ( pas d'ébats sexuels devant lui par ex.)
2 . un autre repère important : poser qu'un enfant devrait toujours être autonome et encouragé à accomplir seul les actes de la vie courante ( s'habiller , se laver etc ...) à partir du moment où il est devenu techniquement capable de le faire - étant entendu qu'il ne peut acquérir cette capacité que si on prend la peine de lui expliquer , de lui montrer les gestes , que si on a la patience de le soutenir dans un apprentissage pour lui toujours difficile . Autonomie ne signifie pas abandon ! ex. habiller encore un enfant qui pourrait apprendre à le faire seul est aussi invalidant pour lui que le serait le port de chaussures du 23 alors qu'il chausse du 32 !!
° Ces règles sont simples ...mais ce qui est compliqué , c'est que chacun est renvoyé ainsi à sa propre enfance , à ce qu'ont été ses parents , à ce qu'il a enfoui en lui , à ses propres souffrances .
° Signifier aux parents qu'il existe en matière d'éducation des principes qu'ils peuvent et doivent respecter , c'est exiger d'eux une réflexion et des efforts considérables , c'est aussi leur délivrer un formidable message d'espoir = guérir de leur propre enfance et ne pas être condamnés à reproduire ce qu'ils ont vécu .
° UNE LIMITE N'EST CRÉDIBLE POUR L'ENFANT QUE S'IL SAIT QU'ELLE EST JUSTE ET S'IL SAIT QUE L'ADULTE QUI LA LUI TRANSMET EST LUI-MÊME SOUMIS À CETTE LIMITE ET QU'IL LA RESPECTE .
° NÉCESSITÉ POUR LES PARENTS DE RECONNAITRE QUE :
* faire vivre un enfant sans régles éducatives ou accepter qu'il les transgresse revient à lui faire violence .
* le laisser sans l'éduquer est grave , aussi grave que l'affamer.
* lui donner un contre-éducation ( l'exemple d'adultes qui bafouent les lois ) est aussi dangereux pour lui que l'ingestion de produits toxiques et représente le même type d'urgence !
° Les enfants sans limites sont toujours angoissés , jamais heureux .Comme l'enfant est dans la toute puissance imaginaire , il s'imagine que s'il veut tuer , il peut tuer ; s'il n'a pas quelqu'un qui le contient , qui lui dit : " ce n'est pas toi qui commande , ce n'est pas toi le plus fort " , il est fou d'angoisse ,beaucoup de cauchemars et de peurs s'arrêtent lorsque le PÈRE reprend SA PLACE ...parce que si l'enfant voit que ses parents ne sont pas capables de le faire obéir , il ne peut pas les penser capables de le protéger.
@ EN CONCLUSION :
* LE VRAI AMOUR PARENTAL c'est celui qui inclut l'éducation et la non-possession .
* EDUQUER un enfant n'est pas l'asservir , le brimer , l'entraver , le faire souffrir ...au contraire C'EST L'AIDER À SE DÉVELOPPER ...c'est faire le travail qui va lui permettre de devenir un adulte capable de vivre .
* pour en savoir plus : pourquoi l'amour ne suffit pas , aider l'enfant à se construire ..un livre signé Claude Halmos à Nil Editions .
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Pour avoir vécu un drame familial qui a touché deux de mes trois enfants, je peux vous assurer que de telles blessures ne restent pas sans traces indélébiles, donc, leur redonner de l'optimisme pour leur vie future n'est pas si simple que ça!
RépondreSupprimerla peur de l'avenir , la peur de souffrir ,la peur de vivre, tout ceci reste logé dans un coin du cerveau et ressort comme pour pourrir la vie au moment ou on se l'attend le moins, laissant place à des angoisses terribles!
Alors bien sûr le rôle d'une mère, de parent se veut d'être protecteur, rassurant, mais la réalité est tout autre...Remettre de l'ordre dans des esprit aussi tourmentés reste un véritable combat et ce, pour la vie!
Car même le temps n'adoucit les souffrances, il les espace un peu c'est tout!
la gentillesse fait parfois des merveilles apaise la colère mais parfois une seule parole brutale peut l'exciter à nouveau et faire tout ressortir.
Pour ma part ce que j'essaie de faire du haut de ma petite place de mère est d'encourager ce qu'il y a de meilleur en eux, leur faire voir avant tout les cotés positifs de leur vie, et surtout chaque fois que je le peux dans la mesure du possible leur rendre la vie plus facile en les guidant du mieux que je peux!
Être là, ne jamais rompre le dialogue, et se rappeler que nous nous sommes engagés lors de leur conception à veiller sur eux jusqu'à la fin de notre vie .
Rester assis à se plaindre de son sort n'aide et n'améliore rien, on peut repartir de plus belle , la meilleure façon de s'en sortir est d'utiliser pleinement les ressources que l'on a au fond de nous, mais là encore, on en trouve la force aujourd'hui un peu plus qu'hier mais demain...???
Ainsi va la vie.
Mais bien sûr que l'optimisme doit gagner à tout prix du terrain sur le pessimisme car il y a bien une chose dont nous soyons responsable c'est de notre avenir, et notre attitude, notre façon de faire un travail sur nous même ,de rebondir feront de notre vie une réussite ou un échec.
Pour ma part j'ai déjà remporté une victoire dans ce combat, celui de voir mes deux enfants faire leurs chemins de vie, et avancer malgré tout!
Vivre est une affaire sérieuse, d'où personne ne sort vivant, c'est court, alors sachons exploiter au maximum ce que nous avons de bon et laissons au plus profond le plus souvent possible les mauvaises choses.
Marie-Ange