* Nombre de situations courantes font souffrir enfants et parents : colères , chagrins , pleurnicheries ; demandes incessantes ; agressivité , énervement ; troubles du sommeil : endormissement difficile , sommeil agité , réveils la nuit ...; désobéissance , refus d'obéir ...l'enfant insupportable , hyper émotif , "qui pleure pour un rien " ...ou encore l'enfant qui déborde d'affection ( bisous à répétition , séparation difficile ) , l'enfant "pénible " ...en fait ce sont des difficultés passagères incontournables et nécessaires que traverse l'enfant en construction ...mais celles-ci engendrent chez les parents : un sentiment d'impuissance , de culpabilité , de dénigrement :« je ne suis pas une bonne mère » , « nous ne sommes pas de bons parents » , « c'est de ma faute , je suis nulle !» . PAS DE PANIQUE ! Etre des superparents , des parents parfaits , avoir des enfants parfaits , tout réussir... cela relève de l'utopie !
* Ecoutons plutôt Winnicott et Bettelheim , 2 psychanalystes éminents contemporains , qui nous invitent à "être des parents acceptables !" ....c'est à dire , faire confiance à sa propre intuition pour comprendre le comportement de ses enfants : il s'agit de ne pas s'acharner à créer l'enfant que l'on voudrait avoir , mais au contraire AIDER l'enfant à DEVENIR ce qu'il est en puissance , à EPANOUIR ses potentialités ; il s'agit aussi d'être sûr de soi dans son rôle de parent , pour gérer ces conflits inévitables avec les enfants : cette assurance établit la sécurité de l'enfant en retour .
* Interrogeons nous sur nos réactions premières dans ces situations ...
~ à cause d'un sentiment d'impuissance et de culpabilité que nous venons d'évoquer , de notre vécu personnel , de nos forces et de nos failles parfois inconscientes transmises de génération en génération , par suite d'un état de fatigue , de soucis , de rythmes de travail , à cause d'un père qui ne joue pas son rôle , en fonction de notre degré d'exaspération du moment et de ce que le conflit avec l'enfant peut plus ou moins inconsciemment nous faire revivre de notre propre histoire..... ON LAISSE L'ÉMOTION NOUS ENVAHIR : alors , on crie , on s'énerve , on hurle des mots qui parfois dépassent notre pensée , on se met en colère , on gronde , on punit , on menace , on passe à l'acte ( gifles , fessées ...) ; ce sont des réactions de défense face à la résistance ( normale ) de nos enfants ; parfois même nous doutons de la légitimité de ce que nous leur demandons : et ces comportements visent à FAIRE TAIRE non pas l'enfant ...mais ce rappel insupportable du passé QUI RÉVEILLE L'ENFANT EN NOUS . Ces réactions signifient : faillite , constat d'impuissance , illusion d'un pouvoir , culpabilité de croire que les autres parents font mieux ( erreur !) . PAS DE RECETTE MIRACULEUSE POUR TOUT RÉGLER ...CE QUI EST CERTAIN : L' ENFANT EXPRIME - À TRAVERS CE LANGAGE DU CORPS- UNE SOUFFRANCE SOUVENT PSYCHIQUE , UN MAL-ÊTRE PAR RAPPORT À UNE SITUATION QU'IL VIT MAL , QUI LE PERTURBE , QUI LE DÉRANGE .
@ QUE CONVIENDRAIT-IL DE FAIRE DANS CES MOMENTS DIFFICILES ?
* rester calme en toutes circonstances : difficile ....! d'autre part ,comme le dit Françoise Dolto : « un parent est un être de chair et d'émotion et il faut que l'enfant sente que cet adulte- de tout son être - refuse ce comportement , qu'il lui est insupportable » ...donc essayer d ' être plus calme à condition de comprendre ce qui profondément provoque l'énervement ....cela demande un entraînement !! ; on peut toujours expliquer à l'enfant pourquoi on a été en colère et quels étaient les enjeux ( dont il a généralement aucune conscience ) et qu'il comprend lorsqu'on lui explique . ; si la gifle est partie ( oups! ) , pas question de demander pardon à l'enfant , mais s'interroger soi-même : « que s'est-il passé ? pourquoi ai-je fait cela ? » si l'on obtient la réponse , en parler à l'enfant et expliquer : « je t'ai giflé parce que ...» ..aider l'enfant à prendre conscience de la situation : « tu supporterais , toi , un enfant qui dit toujours non ? nous les parents , nous ne supportons plus ...»
ATTENTION : l'absence de maîtrise de soi effraie l'enfant ; il est dangereux , inacceptable de frapper un enfant ; proscrire fessées déculottées , gifles sur le visage - lieu des bisous - , corrections annoncées ...attention aussi aux mots aussi blessants qu'un geste impulsif ! BEAUCOUP PLUS EFFICACE : LE REGARD , LE MAINTIEN FERME ( sans paroles ) de l'enfant , qui montrent que vous dominez la situation ...
* essentiel : être à l'écoute de l'enfant et de soi-même : nécessité de "se poser" , de faire une pause à 2 soi et l'enfant , ou tous ensemble ( famille ) . TOUS LES COMPORTEMENTS SONT DES LANGAGES : il y a nécessité "d'entendre" le message de l'enfant et d'en chercher le sens ...« que se passe t-il chez mon enfant ? que cherche t-il à me dire en agissant ainsi ? » ..et non "pourquoi "car chercher l'origine ou l'explication revient à remplacer la compréhension par cette explication ; « il est fatigué , il a mal dormi , il est enrhumé ...» ; il convient aussi d'être à l'écoute de soi-même : « que se passe t'il en moi lorsque mon enfant agit ainsi ? qu'est que cela réveille en moi ? » ..essayer de reconnaître ce que ce ressenti suscite en soi : peur , culpabilité , sensibilité ...
* communiquer avec son enfant : se poser , prendre le temps , prévoir un moment et le dire à l'enfant : « ce soir , nous reparlerons de ce qui s'est passé » ; alors parler à l'enfant de ce qu'on croit qu'il ressent et qui pourrait être à l'origine de la situation difficile ; ce dialogue , cette écoute recadrent la confiance , l'amour , les liens familiaux , les rapports parents -enfants ; beaucoup de comportements sont liés au besoin d'être non seulement "vu " mais "reconnu" en tant que personne à part entière et de reconnaître l'autre différent de soi .
* NE PAS OUBLIER QUE LES ENFANTS SONT LE SYMPTÔME DU COUPLE : F . Dolto : « les enfants sont les thérapeutes des parents » ; en effet , les enfants ont des "radars" puissants qui captent les malentendus , les non -dits , les tensions , les secrets , "ce qui ne va pas " ..et les restituent au quotidien plus souvent avec leur corps ( comportements , maladies ..) plutôt qu'avec des mots . ...D'OÙ LE CONCEPT DE "MES PETITS LIVRES ROUGES " ! ;
les enfants sont aussi les reflets des comportements des parents : l'enfant insupportable est souvent en mal d'autorité : il manque de re-pères ...( rôle du père ! ) ; pensez à cette phrase -clé qui éclaire souvent la situation : « il n'y a que vous les parents , qui connaissez votre histoire et celle de votre enfant depuis sa conception ...» ( secrets de famille , secrets de naissance , non -dits , évènements pendant la grossesse , conditions de vie , accueil de l'enfant ....)
@ QUELQUES MOMENTS DIFFICILES ...
1. mon enfant est exaspérant quand on rentre du travail ..colères , pleurnicheries , demandes incessantes
. * messages :
- expression de son sentiment de frustration
- désir que vous vous occupiez de lui
- besoin d'être rassuré par l'amour que vous lui portez
- manière de vous interpeller par rapport à lui ou de s'opposer à une situation qui le dérange , le perturbe ( disputes entre les parents , conversations dont il est exclu , soucis d'adultes , réflexions entendues ...et qu'il va interpréter , quelque chose de changé dans sa vie : école , crèche , nounou , naissance ou autre évènement familial ..).
* attitudes souhaitables :
- le consoler , le rassurer
- cadrer son agressivité
- le laisser se calmer ...« calme -toi » prononcé calmement
- essayer de comprendre la signification de ce comportement : se poser les bonnes questions ...
- parler à l'enfant de ce qu'on croit être à l'origine de son comportement .
2 . il dit non systématiquement ...il refuse d'obéir ...de se laver les dents , de ranger ses affaires , de venir à table ...
* messages:
- refus de votre autorité ...°passager : test pour savoir si les limites posées sont toujours les mêmes ou pour essayer de les transgresser : à vous de réaffirmer les interdits , les limites ° systématique et durable : signe d'un mal-être qu'il faut élucider ..ce peut-être aussi une question d'âge : par ex . entre 18 mois et 2 ans , c'est la période du "non " ; «il dit non pour faire oui » dit F. Dolto car il a le désir d'exercer ses nouvelles compétences : son comportement d'opposition aide l'enfant à définir sa propre indépendance , à affirmer son identité .
* attitude souhaitable :
- nécessité de " resituer "l'enfant à sa place dans la famille : ce n'est pas lui le chef de la famille , ce sont les adultes qui commandent .
- nécessité que l'enfant ait compris ( entre 2 et 4 ans ) que l'autorité parentale n'est pas un systême d'oppression qui permet aux plus forts d'écraser les plus faibles c'est -à dire que les exigences des parents ne sont pas des lubies ...que ce sont les exigences de tous les parents qui aiment leurs enfants et qu'eux-mêmes les adultes aussi sont soumis à des règles ...c'est ainsi que l'on aide l'enfant à renoncer à ce sentiment inné de toute puissance , dangereux et fondateur de la violence .
- un parent convaincant ...est un parent convaincu que les limites qu'il pose sont justes .
- la communication est indispensable : il s'agit de faire comprendre à l'enfant cette ambivalence de l'amour : « c'est justement parce que nous t'aimons que nous te donnons des limites et que nous exerçons notre autorité .»
- « maman je ne t'aime plus ! je veux changer de maman ! » comprenez le double message : * d'une part , riposter à votre autorité qui remplace la colère ou le fait de se rouler par terre ( en cela c'est déjà une étape !), * d'autre part , tester l'amour des parents : « nounou , mamy , la maîtresse , elle est plus gentille que toi » ..ou bien « chez mamy , je fais ce que je veux » : des formules plus grosses que lui qui l'effraient même parfois !
- 2 mauvaises réactions parentales à éviter :
- 1 .l'agressivité en retour : « et bien , vas-y chez mamy ! on sera bien débarrassé !» cette réponse brutale engendre anxiété et angoisse
- 2 . tomber dans le panneau et céder : tentation qui guette tous les parents dépendants de l'amour de leur enfant et qui oublient qu'EDUQUER = FRUSTRER ! Ce mode de fonctionnement est très malsain : quand on veut être aimé , à tout prix , on plie ou on fait plier les autres !
MEILLEURE RÉPONSE : LA TACTIQUE DE L'ÉDREDON : prendre le coup mollement sans le renvoyer : « d'accord , tu penses que je suis une méchante maman , mais c'est comme ça parce que je t'aime et qu'il y a des choses que l'on ne doit pas faire , on ne peut pas tout avoir ...» Cette réponse tranquille et tranquillisante dissuade l'enfant de retenter la manœuvre voire suscite un gros remords ( câlin , excuse !)
3 . il fait des colères , crie ,tape des pieds , se roule par terre , jette tout ce qui est à sa portée ....fréquent entre 2 et 4 ans !
* messages :
° l'enfant s'oppose pour s'affirmer
° il réagit contre votre volonté et veut imposer la sienne .
* attitudes souhaitables :
° ne pas se laisser dépasser par ce comportement ( si cela se passe dans la rue ou dans un magasin , regard ou empoignade ferme sont les meilleures réactions de votre part )
° ne pas céder à la crise de l'enfant mais l'arrêter tant qu'il ne pourra le faire lui-même : surtout contenir sa colère ..car cela inquiète l'enfant qui a peur que cela ne s'arrête jamais !! PATIENCE sans CRIS ...SANS TAPES (!) DÉSARMENT !
* TECHNIQUES D'APAISEMENT :
° contenir la colère de l'enfant en le prenant dans vos bras ...puis le laisser s'apaiser dans sa chambre .
° calmez-vous en respirant profondément , pour apprendre à contrôler vos émotions : " j'accueille mon émotion mais je ne me laisse pas envahir " .
° rétablir la communication : « maintenant tu vas m'expliquer pourquoi tu es en colère ... »: accepter ce qui vous semble justifié et expliquer clairement ce qui est pour vous inacceptable
° rassurer l'enfant sur ce comportement qui lui fait peur et lui affirmer qu'il est capable de se contrôler ..
° " des trucs " à exploiter : ex . de QI GONG : LE TIGRE ...sortir sa colère en poussant des rugissements tels des cris de rage pour décharger les tensions ; taper dans un punching-ball ; tripoter des boules ou des coussins anti-stress ; faire du sport ou faire des sorties nature ...
4. il refuse de s'habiller le matin pour aller à l'école ...il traîne pour déjeuner , se préparer
* message : s'habiller , déjeuner = quitter la maison , le cocon familial pour un autre lieu : crèche , nounou , école ...monde de disciplines , de contraintes , de confrontation à l'autorité ...ce comportement peut donc exprimer le désir de l'enfant de rester à la maison avec maman et faire ce qu'il veut ( jouer , télé ) . C'est un moment d'affrontement de 2 volontés contraires : qui va renoncer à son désir ? vous ou votre enfant ?....vous êtes envahie de culpabilité à l'idée de le quitter fâché , en pleurs , malheureux ...« suis-je une bonne mère ? »
* attitude souhaitable :
° pas de tergiversations ! imposez votre autorité de parent d'un ton ferme et sans appel ( pas le temps de discuter ce matin : contraintes horaires , règles de vie ...) ...mais « ce soir , nous essaierons de comprendre ton message »
° papa et maman ont le pouvoir en ce qui concerne les choses de l'école !! SURTOUT AUCUNE CULPABILITÉ ...ou tentative de réparation : baisers , gâteaux , promesses , chantage ..
° le soir , indispensable de prendre le temps de communiquer avec l'enfant et de lui expliquer ce qui est insupportable de sa part et pourquoi ( vos contraintes , vos obligations , ses règles de vie ...)
5 .il ne veut plus vous quitter , il s'agrippe à vous , vous fait mille bisous , toute séparation devient difficile ( coucher , école , nounou ...) ...situation très agaçante , qui sème la zizanie dans le couple , engendre un " mal à l'aise " social ( regard des mamans ...à l'école par ex . )
* message :
° débordement d'affection qui révèle angoisse et anxiété
° désarroi de l'œdipe ( entre 3 et 6 ans ) qui entraîne un surcroît de tendresse pour le parent du sexe opposé et refus ( ou rejet) de l'autre ....la volonté de l'enfant étant manifeste de prendre physiquement la place de celui ou celle qu'il veut évincer .
° peur qu'on ne l'aime plus ..suite à une punition , des propos entendus et mal compris ou mal interprétés , des disputes entre les parents , des situations vécues comme un abandon ou vécues par des copains et qu'il redoute pour lui .
° peur de l'abandon : peur originelle....angoisse de séparation réactivée au moment du coucher . Peur faisant suite à une situation de parents en souffrance ( pleurs , maladies , soucis ...) ou à des évènements familiaux ( déménagement , mort , divorce , naissance ...) : quelques fois , l'enfant est "confié " en urgence , sans ménagements ni explications ...et il ressent cela comme un abandon , sa confiance et sa sécurité se trouvent ébranlées .
* attitude souhaitable :
° essentiel de rassurer l'enfant sur l'amour de ses parents entre eux , vis à vis de lui , communiquer pour mettre un terme au plus vîte à cette situation de souffrance .« que cherches -tu à me dire en me faisant plein de bisous ?? » , « les parents n'abandonnent jamais leurs enfants !» , « c'est parce que je t'aime que je te donne des limites !»
° parler à l'enfant de ce qu'on croit être à l'origine de son mal -être , de ce que l'on croit qu'il ressent ...mettre des MOTS sur les MAUX . ...au besoin , écrire les mots qui font mal , écrire son histoire , dessiner ou faire dessiner par l'enfant ce "qui lui fait mal dans son cœur » , penser également à des histoires bien ciblées qui vont illustrer les problèmes de l'enfant , pensez aux "petits livres rouges de Framboise "!
5 . EN CONCLUSION ...
@ UNE CERTITUDE : les comportements de l'enfant sont des langages ..témoignages de sa souffrance . Ce qui implique d'être à l'écoute de l'enfant , de soi-même , d'"entendre " son message et de le comprendre ( poser les bonnes questions ) ; cela implique aussi la communication : parler , échanger , avoir pour lui de l'empathie ; rassurer sur 2 points fondamentaux : sécurité et confiance .
Pour tout cela , Parents , il vous faudra :
- faire de cela votre priorité car votre enfant est en souffrance,
- du temps ( se "poser" , patience , calme ...)
- de l'énergie
- de la persévérance
- éventuellement l'aide d'un tiers ( hors famille )
- éventuellement ,accepter de mettre en place des modifications ( remise en cause , changement d'habitudes ...)
- à lire: pour être des parents acceptables : Bruno Bettelheim ( colllection réponse / ed . robert laffont .
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