°
OUI BIEN SÛR! En
effet , écouter
les enfants , les informer , dialoguer avec eux est désormais une évidence ressassée à longueur de livres , d'émissions, de
magazines .
°
Alors , le combat
de la parole est-il définitivement gagné ?
Plus de « on ne parle pas de ça » , « tu le sauras quand tu seras
plus grand » ou encore « ce n'est pas de ton âge » ??? illusion ,
il est loin de l'être! car
parler aux enfants est une tâche d'une grande complexité
,parce que leur
parler vraiment , avoir avec eux un véritable dialogue implique de
pouvoir les considérer comme des personnes sensées , respectables
et capables de comprendre ce qu'on leur dit , sans pour autant les
prendre ( et surtout leur permettre de se prendre ) pour des adultes.
°
cela implique une
nouvelle conception de l'enfance et de l'enfant :
l'enfance doit être considérée comme un temps durant lequel l'être humain se
construit sur le plan physique et psychique ; l'enfant doit être considéré comme
une personne à part entière à égalité d'être avec l'adulte ,
dont le désir a la même légitimité que l'adulte et sa parole la
même valeur que la sienne.
L'enf
est posé comme un être à part entière , avec les droits que cela
suppose (
droit à la parole, à l'écoute et au respect ) mais défini aussi
comme un enfant c'est-à dire un
être en construction qui a besoin -et c'est pour lui, vital – que
des adultes l'éduquent ...d'où
l'extrême difficulté !
Ce
dialogue -qui ne doit pas être " du semblant " suppose que
l'enfance
soit considérée , non pas comme un simple temps de voyage vers
l'âge adulte -mais comme une durée , un état consistant et
complexe qui mérite d'être pris en compte .
¤
Cette conception
est aujourd'hui possible car elle est le fruit d'une très longue évolution de nos
sociétés , voire même une révolution !
°
jusqu'au 18 e s., l'idée
d'enfance n'existe pas :
pas de notion d'amour entre parents et enfant , seule compte l'autorité du père
, l'enfant est souvent envoyé en nourrice dès sa naissance …
°
2e tiers du 18e s. : changement considérable ,apparait la notion
d'amour maternel ;
une nouvelle image de l'enfant vu alors comme un être immature qui a besoin de
l'éducation et de la protection des adultes : le lien parents-enfant
est valorisé et l'émergence de l'amour pour l'enfant marque dans la société
un tournant fondamental ; naissent alors le souci d'éducation et le souci du corps de l'enf :
on ne dresse plus les enf , on les éduque .
°
19e s. apparition de la notion d'enfance: la vie
familiale s'organise autour des enfants qui sont moins nombreux ,on assiste à la naissance de
la puériculture et d'une pédiatrie scientifique ; 1e service de
pédiatrie , 1e crèche , 1e école maternelle , méthodes
pédagogiques , 1882 : Jules Ferry école obligatoire pour les 6-13
ans : progrès colossal !
°
20e s. révolution
de l'enfance ;
l'enfant
devient un personnage qui compte ;
contraception , légalisation de l'avortement , accouchement sans
douleur , protection sociale , innovations techniques ; psychologie
et médecine explorent la phase de 0 à 3 ans , nourrisson et fœtus
; les psychologues entrent en crèche, la justice spéciale "mineur"
est créée en 1945 .
°
changement majeur de la seconde partie du 20e s. ;
grâce à Françoise Dolto , l'enf devient une personne et ce , dès
son plus jeune âge .
A partir de là , prenant conscience de leurs douleurs passées , les
adultes commencent à regarder autrement leur enfance , leurs enfants et
les enfants des autres : ils cessent de considérer leurs dessins comme
de simples gribouillis sans importance , ils acceptent de créditer
leurs propos d'un sens , ils les écoutent autrement , ils leur
parlent ; l'image de l'enfant se transforme .
°
on croit que cette idée de l'enfant ne sera plus jamais comme avant : on se trompe ! Nous voilà au 21e s. et l'enfant est en danger!
Alors
que la présence psy est massive et médiatique , l'idée même de l'enfant est
menacée : l'idée d' enfance entendue comme temps de construction de
l'être humain est aujourd'hui niée :une grande partie de la psychiatrie
pose sur les enfants des diagnostics d'adultes : ex: un enfant de 3 ans -qui
perd son envie et son goût de vivre du fait de problèmes relationnels que
l'on pourrait en travaillant avec ses parents aisément repérer et
soigner , est déclaré dépressif et soigné comme tel ; la même
psychiatrie refuse de considérer les difficultés des enfants comme des
ratés réparables de leur construction et y voient des déficiences
constitutionnelles ; l'enfant qui ne tient pas en place par ex . parce
que ses parents , prisonniers de leur propre histoire , n'ont pas pu
lui signifier sa place , est déclaré hyperactif
( nouvelle maladie
du siècle ) -parfois étiqueté "TDA/H " soit trouble
déficit de l'attention -hyperactivité " ..."calmé "
artificiellement par des médicaments qui ne règlent rien et dont on
ignore l'effet à long terme ....
Pire encore...Des
scientifiques prétendent déceler chez des enf de 2 ou 3 ans des
tendances constitutionnelles qui feraient d'eux des voleurs ou des
violeurs de demain ..et la justice des mineurs est aujourd'hui vouée à
la destruction par des politiques prônant l'élaboration d'un code
pénal permettant de les juger comme des adultes!
Tout
cela laisse entendre ( de même que certains discours anti Dolto ) le
retour à l'enfant adulte miniature ...un temps où il n'était pas
question de considérer l'enfant comme un être à part entière ,où il
ne pouvait pas être question entre l'adulte et lui de parole ...la
bête noire de ces nouveaux pères Fouettard : c'est
la parole !
celle que l'adulte peut dire à l'enfant et qu'ils refusent car elle
amoindrit , disent-ils, le pouvoir absolu que cet adulte se doit
d'avoir sur lui ...et aussi la parole que l'enfant peut en retour lui
dire .Ils redoutent
l'enfant qui parle , car il peut dire la vérité ...celle qui
déstabilise .L'enfant qui parle dérange , il dérange l'ordre établi
.
D'après
ces pères Fouettard , l'enfant doit donc obéir et se taire ...pour son
bien !
Des
propos très inquiétants qui trouvent écho chez certains politiques qui
préconisent de ne pas écouter , de ne pas comprendre ni de laisser
parler les enfants , les ados mais de s'en tenir à sévir et à
sanctionner .
Dès
lors , si la nécessité de parler aux enfants fut autrefois une
découverte , elle est aujourd'hui pour ceux qui n'entendent nier ni
la construction psychique de l'être humain ni la notion d'enfance ,
un combat ...qu'il est urgent de mener !
** ALORS PARLER AUX ENFANTS : DE QUOI ET COMMENT ?
- Parler aux enf suppose de définir un cadre: cadre qui revient à se rappeler ( et à leur rappeler ) leur place : l'enfant -être à part entière -comme le promeut F.Dolto – a des droits mais pas tous les droits ...et aussi des devoirs: respecter les lois du monde que ses parents ont le devoir de lui enseigner .Et si Françoise Dolto a posé la nécessité de parler aux enfants , elle a aussi posé la nécessité de "leur rabattre le caquet " quand ils prétendent discuter de tout et d'abord de ce qui ne les concerne pas ! Un enfant doit avoir une place , il ne doit pas avoir toute la place ; d'où la nécessité de savoir , quand il le faut , le "remettre à sa place " ( d'enfant) .
- Il ne s'agit pas de parler de tout avec les enfants ; les adultes n'ont pas à tout leur dire mais seulement ce qui les concerne directement .
** Quelles
sont donc , dans la vie d'un enf , les choses dont on peut affirmer
qu'elles le concernent directement ?
- 1. l'enfant a besoin d'être informé de ce qui concerne sa personne : sa conception , sa naissance, son histoire depuis qu'il est né: .il a besoin de savoir comment il est arrivé sur terre, si ses parents qui l'élèvent sont ceux qui l'ont conçu ( ou adoption , FIV, procréation médicalement assistée ) parce que de toute façon , il connait toujours ( du fait d'une communication entre son inconscient et celui de ses parents ) inconsciemment son histoire ..d'où symptômes , langage du corps pour révéler sa souffrance si on l'empêche de la connaître consciemment ou si on lui cache la réalité .
Il faut parler
du désir pour lui donner un point d'appui essentiel à la
construction d'une image valorisée de lui-même .
Parler
aussi de la grossesse
: la 1e vie antérieure de l'enfant dont il garde la mémoire inscrite
dans son corps et ses émotions .En lui parlant de cette période ,
de ce qu'ils ont vécu , les parents lui permettent de relier cette
mémoire corporelle émotionnelle à l'univers des mots , de la
parole, au langage et de tisser ainsi un fil qui le reliant à
lui-même donnera consistance au "je
" , véritable colonne vertébrale psychique .
- Ref : le 1e petit livre rouge de FRAMBOISE : la petite fille qui n'avait pas sommeil.
- 2.l'enfant a besoin de connaître son identité , sa filiation , l'histoire des 2 lignées dont il est issu : cela lui appartient ; à ce titre refuser à un enfant le droit de savoir qui est son géniteur ou sa génitrice , lui refuser leur identité , est un vol.
- un enfant doit pouvoir connaître ce qui s'est passé aux différentes générations des 2 lignées dont il est issu (évènements importants) il doit être en mesure de dessiner son arbre généalogique et il ne doit rien ignorer de sa fratrie ( si par ex. un enfant est mort avant lui , il doit le savoir ,-là encore , il sait inconsciemment et se trouve chargé d'un lourd silence à porter si on ne lui dit pas la vérité .)
- Ref: le 4e petit livre rouge : mon nom de famille.
- 3. l'enfant doit être informé de ce qui arrive à ses proches :évènements heureux ou malheureux :
- de leurs maladies quand elles sont graves : l'enfant ressent angoisse, anxiété , inquiétude et privé d'explications , il se sent responsable ( à l'âge de la pensée magique :il croit que penser à une chose suffit pour qu'elle arrive )
- de leur mort : il doit en être informé dès qu'elle survient ( là aussi profond ressenti inconscient ) .Ne pas dire la vérité à un enfant , qui de toute façon la sait ( l'enfant est une éponge qui capte toutes vos émotions ), c'est le mettre en porte-à faux avec lui-même et créer ainsi chez lui une forte angoisse , c'est aussi commettre un vol : la tromperie engendre l'insécurité pour longtemps .L'enfant informé est doté du droit d'avoir du chagrin , d'en parler et de la partager avec les autres : il se sent reconnu. Un enfant s'il peut être traumatisé par le mensonge et le non-dit ne l'est jamais par une mauvaise nouvelle .S'il est accompagné et aidé par la tendresse et les paroles de ses parents , il en sort toujours enrichi , grandi et nanti de forces nouvelles .
- De la perte in utero ou à la naissance d'un frère ou d'une sœur ; avortement ,fausse couche , mort in utero ou à la naissance .. d'un enfant qui aurait pu être son frère ou sa sœur ( et qui l'a été même s'il n'a vécu que quelques heures) ; là encore , c'est prendre en compte le ressenti -inconscient – de l'enfant ,qui privé d'informations et animé par la pensée magique , peut tout imaginer ...Lui parler est donc indispensable pour le ramener à la réalité et le rassurer.
- Ref :3e petit livre rouge :il est perdu mon papa
- et 1e :la petite fille qui n'avait pas sommeil ( voir ci-dessus )
- 4 .l'enfant doit être informé des changements qui vont modifier sa vie :
- un déménagement : événement toujours difficile à vivre pour lui , inquiétude de quitter son univers familier -expliquer ce qu'il va quitter mais aussi ce qu'il va trouver : il a besoin qu'on lui rappelle que les liens qui l'unissent à son univers sont des liens qu'il a su construire .Partir est toujours difficile mais ce peut être aussi un moyen de renaître ailleurs : l'enfant ne le sait pas , il a besoin que l'adulte lui apprenne.
- Ref : le 5e petit livre rouge : la maison de papa
- l'arrivée d'un nouvel enfant :l'enfant perçoit très tôt que sa mère est enceinte ( tests et témoignages de psys le prouvent ): ses parents dès qu'ils se sentent prêts à lui parler de cette grossesse doivent donc lui annoncer et le rassurer( explications sur la sexualité qui lui permettent de comprendre comment ce bébé est arrivé là ).Connaitre la vérité est rassurant et structurant pour l'enfant : ainsi il peut comprendre que le monde n'est pas un univers magique et mystérieux dans lequel tout-et le meilleur comme le pire -pourrait à tout moment arriver .
L'enfant
a besoin de savoir que le bébé à venir ne prendra pas sa place
dans le cœur de ses parents et ne lui prendra pas la place d'aîné
,
car il imagine souvent que son frère ou sa sœur va non seulement lui
voler l'affection des parents mais le rattraper voire même le
dépasser !
Il a besoin d'apprendre que s'il lui sera toujours interdit de faire du
mal au bébé ( ce qui le rassure sur ses pulsions ) il ne sera en
aucun cas obligé de l'aimer et pourra même le détester ….ce
qui lui signifiera qu'on n'a pas à craindre ce que l'on éprouve et
encore moins à s'en sentir coupable .
- le divorce : l'informer le plus vite possible car cet événement va bouleverser sa vie mais garder à l'esprit la question de sa place : en effet , essentiel de le rappeler : l'enfant ne doit pas tout savoir du divorce de ses parents ; il doit savoir que son père et sa mère se séparent non pas en tant que parents ( qu'ils resteront toujours , qui l'aimeront toujours et qui s'occuperont toujours de son éducation ) mais en tant que mari et femme ( c'est le COUPLE qui se sépare et non pas LES PARENTS ).Ces amoureux se sont aimés et il est né de cet amour .Ils se séparent parce qu'ils ne s'aiment plus assez en tant que couple pour vivre ensemble ( l'enfant doit savoir que l'amour qu'un homme ou une femme éprouve pour ses enfants est un amour pour la vie mais l'amour entre amoureux - comme l'amitié - peut ne pas durer toujours).L'enfant doit apprendre aussi que les adultes ne peuvent pas être heureux en vivant seulement avec leurs enfants : ils ont besoin de partager leur vie avec d'autres adultes tout comme lui a besoin de vivre avec ceux de son âge ! Important également de dire à l'enfant qu'il n'est pas autorisé à remplacer le conjoint "manquant" , ni à consoler celui ou celle qui reste seul (e) .
L'enfant
doit apprendre que le divorce n'est pas une
guerre
dans laquelle chacun des parents peut se battre pour obtenir sa garde
, qu'il y a des avocats et un juge qui vont les aider à trouver les
meilleures solutions pour le protéger .( voir article sur le droit collaboratif -dans ce blog )
L'enfant
doit être informé sur sa vie future après le divorce car il est
bon qu'il commence à se la représenter pour l'apprivoiser ;
une fois ces informations données , les parents n'ont plus rien à
expliquer : ce que l'enfant doit savoir du divorce s'arrête là : pas
d'infos sur les dissensions du couple , de confidences etc: l'enfant
doit savoir qu'on ne répondra pas à ses questions dans ce domaine
...une
telle limite est essentielle car l'expérience prouve que c'est cette
sortie de leur place -les privant de tous repères -plus que le
divorce qui les fait déraper .
- Ref ; le 2e petit livre rouge : le rhume de hanche .
5.
L'enfant doit être informé du fonctionnement du monde: le monde et la
vie .
-informations
sur la
sexualité (
différence des sexes, conception des enfants , grossesse , accouchement
.etc ) ainsi il
sait d'où il vient et où il va et
comprend les évènements qui surviennent dans sa vie ( nouvel enfant ,
divorce …) .
-Important
aussi qu'on lui permette de comprendre
ce qui l'entoure :
les saisons, la journée, la nuit, les phénomènes climatiques = des
mystères dont on doit lui expliquer les causes ou l'aider à les
chercher dans les livres ou sur internet ...pour éveiller son intelligence: cette
offre de savoir qui n'est pas comme celui de l'école , un savoir
imposé mais un savoir acquis pour le plaisir , en compagnie d'un
adulte aimé , développe
sa curiosité et l'ouvre à la connaissance ;
d'où la nécessité de toujours répondre à ses questionnements ,
si indifférence de l'adulte ou indisposition ou dérangement, l'enfant
ne pose plus de questions et bloque son intelligence .( on tue ainsi
sa
créativité et sa curiosité )
6.
l'enfant a besoin d'être informé des lois du monde :
lois
du monde, interdits qu'il ne peut connaître que si on lui apprend,
leur sens ,
la nécessité de les respecter , ce qu'il risque s'il les
transgresse :
apport parental indispensable pour qu'il devienne un être civilisé
, capable de vivre au milieu des autres et devenir un adulte heureux
. Si des faits marquants ( crimes , agressions sexuelles visant des
adultes ou des enf …) surviennent et mobilisent les médias ,
il est important d'en parler avec l'enfant , de s'informer de ce qu'il sait ,
de ce qu'il pense, des questions qu'il se pose , de lui donner des
informations nécessaires à sa compréhension ;
viol
: acte sexuel imposé à un(e) partenaire sans tenir compte de son
désir ; pédophilie:
fait
d'hommes ou de femmes qui transgressent l'interdit de la sexualité
entre adultes et enfant ; inceste
: transgression
de l'interdit de la sexualité entre membres d'une même famille.
-Important
de lui dire que ces faits -commis par des adultes ou des enfants plus
grands qui n'ont pas été éduqués -sont sévèrement punis par la
loi et que
tout enfant s'il est convenablement informé et prudent peut les éviter
.
* comment
parler ?
°
pas de mode d'emploi ni de "bonne façon " de dire :chacun
parle comme il le peut avec les mots qui lui viennent ,
même si ces mots ne lui semblent pas être à la hauteur de ce qu'il
aurait souhaité , même si ces mots lui semblent inadaptés ou
maladroits ; peu importe , car l'enfant n'a que faire du « bien parler
» : la
seule chose qui compte pour lui , c'est que ses parents lui parlent ,
qu'ils prennent la peine de lui parler
°
l'enfant à qui ses parents parlent , les entend en effet toujours
au-delà des mots qu'ils énoncent et de leur signification : à
travers leurs paroles, il entend leur amour et le souci qu'ils ont de
lui : alors il se sent reconnu , épaulé , soutenu .
°
l'enfant n'entend jamais vraiment ce qu'on croit lui avoir dit :
il le traduit dans sa langue , sa sensibilité , son vécu d'enfant.
Mieux vaut chercher à repérer ce qu'il a compris en poursuivant le
dialogue , sur le moment ou plus tard .
°
lorsqu'ils parlent aux enfants , les parents craignent de montrer
leur émotion :
ils ont tort : impossible de ne pas la montrer et leur cacher n'aurait
aucun sens . Cela leur permet de comprendre qu'il est normal
d'éprouver des émotions , que les émotions sont normales , que la
tristesse est normale et que même les grandes personnes -qui lui
semblent tellement puissantes- peuvent être tristes et pleurer .Voir
ses parents émus et bouleversés lui montre qu'il n'a pas à avoir
honte de ses émotions , de ses difficultés , de ses chagrins ni à
les cacher, qu'il peut , au contraire , sans crainte , en parler .
° les parents sont parfois inquiets devant l'attitude de l'enfant
-lorsqu'ils lui parlent d'un problème important -: l'enfant continue de
jouer, chantonne, fait du bruit etc ...comme s'il n'était pas
concerné , intéressé , comme s'il n'écoutait pas : erreur! C'est
en général quand un enfant semble le plus inattentif qu'il écoute
avec le plus d'attention! ;
son agitation n'est pas un manque d'intérêt , mais au contraire le
signe qu'il a complétement compris l'importance du sujet abordé et
qu'il se protège en restant actif , d'une angoisse dont il sent
qu'elle pourrait l'envahir mais qu'il va progressivement dépasser.
* à partir de quel âge peut-on parler à l'enf ?
°
à partir de la 1e seconde de sa vie ...donc de sa conception car
même si nous ne savons pas par quelles voies mystérieuses ils le
comprennent , l'expérience prouve que les bébés-même in utero -
comprennent ce qu'on leur dit ( des preuves chaque jour sont apportées par la
psychanalyse ) ; là encore pas de façons particulières de leur
parler ni de langue de bébé ; un
bébé a besoin qu'on lui parle comme on le sent avec les mots qui
viennent et parce que ses parents se seront ainsi risqués à la
parole, il pourra aussi trouver un jour les mots pour dire .
* parler comme on le peut signifie t-il parler n'importe comment ?
°
non bien sûr! Les
parents n'ont pas à parler à leur enfant à tort et à travers , de
tout et de n'importe quoi ; par ex. un enfant n'a pas à être pour ses
parents un déversoir pour leurs paroles en souffrance .
°
il faut surtout , avant de lui parler , l'écouter
;
savoir ce qu'il sait sur le sujet qui le préoccupe , ce qu'il a
appris ou imaginé permet à l'adulte de partir de là pour le faire
avancer dans sa compréhension ou si nécessaire le détromper :
ainsi un véritable dialogue s'installe.
°
parler à un enfant suppose de tenir compte aussi de son âge ;
on ne parle pas à un petit comme à un ado, il faut respecter sa
sensibilité , sa fragilité : il
faut lui dire la vérité sans la travestir mais en le ménageant et
la dire sans prêter à la création d'images violentes ou
effrayantes , ou érotisables
( par ex , parler de la sexualité avec pudeur )
( par ex , parler de la sexualité avec pudeur )
°
attention à la violence des mots
: les mots ont d'infinis pouvoirs , ils peuvent guérir mais aussi
blesser , ils peuvent donner la vie ou tuer : tuer l'envie , le désir
, l'image de soi , la volonté de vivre : le pouvoir de la parole est avéré
pour l'adulte , encore plus pour l'enfant.
°
parler n'est pas de la «parlotte» :
on ne
dit pas
à la place de
faire
.Par ex si on dit à l'enfant : « si tu recommences , tu seras puni »
, il faut s'exécuter : on
tient parole , on respecte la parole dite , la parole donnée , on
prouve ainsi à l'enfant que les mots ont un sens.
Un monde dans lequel l'enfant ne peut pas compter sur les mots est un
monde vide de sens et donc angoissant ; ne pouvant se fier aux mots ,
il ne peut pas non plus se fier aux adultes qui les énoncent : il se
retrouve donc solitaire et sans appui .
°
lorsque l'enfant est trop petit ou qu'il ne peut pas s'exprimer avec des
mots ,il faut être très attentif au
langage du corps (
comportements , maladies …) : entendre ces messages , tenter de les
comprendre , les prendre en compte , en tout cas montrer à l'enfant que
l'on y est attentif .
Ref
: la collection des petits livres rouges de FRAMBOISE ( VOIR SUR CE BLOG )
*** alors cette parole à hauteur d'enfant ?
°
déjà UN formidable progrès:il existe maintenant une
véritable littérature pour les enfants ...mais les parents doivent être attentifs au contenu du texte , au choix des mots , des expressions et aux illustrations .Une vraie sélection s'impose!
°mais
il n'y a pas encore ( vraiment ou pas assez souvent) une parole à part
entière qui leur soit destinée : on
leur parle tantôt en les mettant sur un piédestal , en leur
permettant de se mêler de tout , en leur donnant l'illusion
jouissive et destructrice de dominer de toute leur hauteur le monde
...tantôt d'une façon que l'on croit adaptée à leur âge mais qui
n' est en fait que mièvre et condescendante...parce que l'adulte ,
que sa taille oblige à se baisser pour mettre son corps à la
hauteur de celui de l'enfant semble en profiter pour abaisser aussi le
niveau de son propos , ainsi il rabaisse l'enfant et l'humilie , rendant
tout dialogue impossible ( dévoilant une forme de mépris inconscient , souvent
subi dans leur propre enfance ) .
°
ALORS COMMENT PARLER OU ESSAYER DE PARLER « À HAUTEUR D'ENFANT » ?
- en s'adressant à eux ni comme à des mini -adultes ni comme à des sous-adultes , mais tout en les situant clairement à leur place d'enfant , de leur parler à hauteur de leur compréhension , qui est toujours beaucoup plus élevée qu'on ne le croit .
-en
prenant conscience de la complexité du raisonnement des enfants , sa
richesse, sa singularité , son originalité , le rapport qu'ils ont
aux ambiguïtés de la langue ( ex.
pourquoi mon grand frère il est plus petit que moi ? »
- en se convaincant de notre capacité à écouter les enfants et à leur répondre, simplement en acceptant de prendre leurs questions au sérieux et de se laisser toucher par elles , en permettant à ces questions d'atteindre l'enfant que nous avons été et le besoin éperdu que cet enfant comme tous les autres , avait alors des mots des grands .
°
Dans certaines familles , il ya de réelles difficultés à parler et aussi des difficultés
à écouter ..
°à cause de la rareté
des questions des enfants ?? non , bien sûr car tous les enf posent des
questions , tout le temps et toutes sont importantes mais celles-ci ne sont
peut-être pas reconnues comme telles par les adultes ( qui refusant
l'idée selon laquelle , émises dans une langue qui n'est pas
forcément la leur et proportionnelles à la taille des enfants ceux-ci
acceptent de les prendre en compte...)
°
cette prise en compte de la personne de l'enfant , sa prise en compte
comme être à part entière est encore très difficile ; dans la réalité
du quotidien , l'adulte ne se met encore pas autant qu'il le faudrait
à son écoute .
« IL FAUT TOUJOURS DIRE LA VÉRITÉ À UN ENFANT OU TOUT AU MOINS QUELQUE CHOSE QUI EST SUR LE CHEMIN DE LA VÉRITÉ »
Françoise Dolto
Françoise Dolto
- le livre référent : Dis- moi pourquoi .Parler à hauteur d'enfant -Claude Halmos .Ed.Fayard 2012
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